"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 16 novembre 2011

Petites cuisines pré-électorales



Alors que la France se trouve dans une situation de plus en plus critique, au bord de la spirale infernale qui a entrainé le Grèce dans le gouffre, qui menace l'Italie, l'Espagne et le Portugal, alors que dans les deux premiers pays on met finalement les politiques à la porte pour les remplacer par des technocrates de l'économie, même s'ils portent une responsabilité dans la crise qui secoue la zone euro, alors que le gouvernement en est à son second plan de rigueur, avant sans doute un troisième mais qu'il espère désormais pouvoir retarder jusqu'après les élections, sinon la gauche le fera peut-être, alors que Sarkozy fustige la fraude sociale qui nous coûte cher, mais moins parait-il que la fraude fiscale ce qui devrait l'interdire selon la gauche d'évoquer ce sujet et l'obliger à laisser faire, alors qu'au-delà même de la zone euro c'est l'avenir de l'Union européenne qui est en danger, avec des conséquences difficilement prévisibles mais sans doute pas positives, eh bien nos amis socialistes et écologistes, faute d'être capables de nous proposer un projet qui tienne la route, font leurs petites tambouilles dans leur coin, préparant leur avenir, du moins celui de leurs dirigeants.
 
Les petites tambouilles, ça a commencé avec les primaires. D'abord les primaires écolos, très moyennement médiatisées, et qui ont vu l'émergence d'une nouvelle leader charismatique, ô combien!, en la personne de l'ex-dauphine de miss Norvège, il y a de ça quelques décennies. La désignation de la candidate verte, bien que portée davantage sur le rouge dans ses choix optiques et vestimentaires, allait nous révéler ce que c'est que l'écologie dure, ce que c'est qu'une vraie cheffe. Enfin on aurait pu le croire vu la teneur des discours de l'impétrante à la présidence. Jusqu'à hier où on s'est rendu évidemment compte que les autres n'en avaient rien à battre d'un discours de khmer vert, et avaient compris en vieillissant, même mal comme Voynet, que la politique c'est aussi le moyen d'accéder à un statut personnel d'autant plus correct qu'on vient de bas.
Ensuite il y a eu les primaires socialistes, enfin les primaires de la gauche démocratiques (pas la gauche, les primaires!), citoyennes et tout et tout qui ont dévoré l'espace médiatique pendant plusieurs semaines, avec des épisodes palpitants, notamment celui des ralliements de l'entre-deux tours après celui d'une Ségolène Royal pleurnicharde, tout ça pour accoucher d'un candidat dont il parait que la présence à sa tête a mené le parti socialiste vers un état qui faisait pitié, selon celle qui lui succédera dans des conditions hautement démocratiques comme on sait le faire à gauche. Bref, un candidat dont le charisme (équivalent en gros à celui d'une tranche de jambon, quoique celle-ci puisse paraitre appétissante dans certaines circonstances) est unanimement reconnu par tous et notamment par ses pairs, notamment les éléphants. Affublé du qualificatif de capitaine de pédalo sur sa gauche et de Babar sur sa droite, nous voilà donc en présence, vous l'aurez compris, d'une personnalité hors du commun. Et donc très justement favori dans les sondages. Ce qui, bien évidemment, permet à certains d'envisager d'obtenir des postes alléchants à brève échéance, comme par exemple Moscovici, soutien inconditionnel de DSK avant et après d'ailleurs avoir pensé être le recours du PS, ne riez pas, est devenu le fervent hollandiste qu'on connait. Peut-être aussi qu'en raison de son crâne en peau de fesse il se prend pour le Juppé de la gauche. Ne parlons pas non plus de l'inénarrable Jack se comparant très récemment alors que Montebourg lui montrait la porte de sortie à Clémenceau. J'insisterai plutôt sur Ségolène qui après avoir pris une veste mémorable aux primaires, ou plutôt obtenu des résultats conformes sans doute à sa vraie valeur, a, de la même façon qu'elle avait confondu sa défaite de 2007 avec une victoire, sans doute pensé que son score était suffisamment important pour revendiquer une place de choix au sein de la future belle équipe supposée nous diriger dans quelques mois. A moins qu'elle ait cru que sa place de quatrième aux primaires lui vaille d'office la place de quatrième personnage de l'Etat, le troc de l'hôtel de la région Poitou-Charentes contre l'hôtel de Lassay. Faut dire que sur un perchoir, elle aurait de l'allure la bécasse. Mais enfin il parait que c'est son ex qui le lui aurait promis, craignant peut-être une candidature sauvage de sa belle remplacée dans son cœur et au lit, nonobstant la procédure en vigueur pour accéder au poste et qui commence par une élection à l'Assemblée nationale. Mais pas de problème pour ce dernier point. Suffit de se faire parachuter là où ça va bien, là où on est sûr d'être élue. Même si les socialistes locaux sont loin d'être unanimes pour baliser la zone de largage, l'un d'entre eux et ne manquant pas d'appuis briguant le même poste de député. Qu'à cela ne tienne, Paris décidera de façon tout à fait démocratique. On peut être des fervents promoteurs de la décentralisation, mais il y a quand même des limites à tout, non? C'est ce qu'on nomme la politique par la preuve, je crois. En Socialie participative.
Voilà, c'est comme ça avant les élections. Petites tambouilles entre amis, distributions virtuelles de postes, satisfactions des uns et grincements de dents des autres, mais le tout étant destiné à huiler les rouages de la campagne du candidat Hollande qui finalement n'a guère que ce genre de démarche pour susciter l'adhésion de celles et ceux qui comptent ou croient compter au PS.
 
Mais ces derniers temps on est passé à un niveau supérieur, qui, comme on va le voir, se résume aux mêmes petites magouilles personnelles. Je veux parler bien évidemment de ce brillant accord entre socialistes et écolos dont on retiendra qu'il se fonde sur de profonds désaccords de fond admis de part et d'autre, compensés pour les seconds par quelques sièges parlementaires inespérés, surtout dans le cadre du mode de scrutin des législatives en France.
Ces derniers jours et même le jour de la signature de l'accord, Eva Joly, candidate en titre de son parti à la présidentielle, déclarait qu'il n'y aurait pas d'accord tant que les socialistes ne renonceraient pas à la construction de l'EPR et du nouvel aéroport de Nantes. Le sénateur Placé dont je n'ai encore jamais vu les yeux, la veille de l'accord, était sensiblement sur la même ligne. L'ancien candidat Bové s'exprimant récemment sur l'aéroport de Nantes déclarait que, bien entendu, aucun accord ne pouvait être envisageable sans l'abandon de ce projet. Et Cécile Duflot déclarait il y a quelques jours sur un plateau télé qu'elle préférait ne pas avoir de député que de renier ses convictions. L'accord a été signé. L'EPR sera construit ainsi que l'aéroport nantais. El la fermeture de 24 réacteurs sur une quinzaine d'années ne constitue rien d'autre que ce que Hollande avait déclaré durant les primaires, à savoir diminuer d'un tiers les capacités énergétiques nucléaires de la France sur la même période. En fait je ne sais pas si je n'aurais pas dû me contenter de capacités énergétiques en omettant le "nucléaires" car il faudra beaucoup de pédalos avec gégène incorporée pour compenser. Mais ce n'est pas le sujet, celui-ci étant de parler d'arrangements entre "amis". On voit donc que les verts ont complètement bouffé leur chapeau et que leurs coups de menton et déclarations en forme d'ultimatum n'étaient que de l'esbroufe. Car évidemment, et ça prouve au moins qu'ils ont compris l'objectif premier de la politique actuellement dans notre pays, ce sont les postes qui les intéressent. Bien entendu, en écoutant Duflot, on peut en douter, cet accord finalement, c'est elle qui le dit, se résumant à être d'accord pour bouter Sarkozy hors de l'Elysée. Beau programme, mais si vous en avez vu un autre, concret, jusqu'à présent de la part de nos amis de gauche, faites-moi signe. Donc pas d'accord sur un programme, et donc par conséquent pas d'accord de gouvernement, mais accord sur le partage des postes de députés, ou plus précisément l'arrivée en masse, compte tenu évidemment de ce qu'ils sont actuellement, des verts à l'Assemblée Nationale. Entre 15 et 30 députés. De quoi faire un groupe parlementaire, de quoi empocher une partie conséquente du financement public des partis politiques, et surtout de quoi satisfaire quelques egos. Et au passage de changer le paysage, car les tronches de Mamère et Cochet, c'est quand même pas un appel à se précipiter dans les bras de nos écolos. Donc en résumé l'accord, c'est : "vous la fermez avec vos revendications et en contrepartie on vous ouvre les portes de l'assemblée". On oubliera très vite le reniement des convictions inenvisageable il y a encore 48 heures de cela.
Bon bien évidemment, cet accord de "chefs" ou plutôt en l'occurrence de "cheffes" puisqu'il concerne en premier lieu Aubry et Duflot fait grincer un peu des dents. Notamment à Paris. Delanoê a, parait-il, fait sa crise à Solférino, assisté par Hidalgo. A cause du parachutage de Duflot dans une circonscription bétonnée, pas téméraire la Duflot, qui privera une élue socialiste, sans doute pas déméritante, à leurs yeux au moins, de son siège. Mais elle a raison la Duflot, elle arrive à un âge où il commence à être temps de préparer sa retraite. Et puis comment la représentation nationale pourrait-elle se passer d'une telle perlle. A part ça, il est question d'un autre siège à Paris, je crois. A Lyon aussi je crois où Collomb fait la gueule. Mais c'est comme ça avec les appareils. Les gens de terrain n'ont qu'à s'écraser… au nom du bien commun. Là non plus on ne rie pas.
 
Enfin tout cela me parait bien pitoyable, en tout cas indigne d'un parti ou d'une alliance de partis, prétendant redresser la France en parvenant au pouvoir, mais tout en semblant vivre en dehors de toute réalité, tout en semblant ignorer une conjoncture particulièrement difficile. Ah mais j'oubliais : on résoudra tout ça en faisant payer les riches. Pauvre pays!

2 commentaires:

  1. Calvi hier en perdait son latin, Cayrol a recentré, ces accords sont impec

    il me semble qu'une migration de coucous s'abat sur la cinquième et s'installe

    cette campagne aura peut être le mérite de planter le décors énergétique avec le retard pris et les errances dans les alternatives, Grenelle, on sait plus trop

    j'ai compris que nous avons 35 ans d'uranium et guère plus en fossiles, lesquels sont fonction fragile de la géopolitique

    pour l'heure ces verts aux tons multiples , depuis trente ans nous emm...sans véritablement faire autorité pour une quelconque décision, les voilà en entonnoir à la chambre et contents de peut être y siéger à 15,30, 50, Caucher bramant à la proportionnelle

    ce qu'on sait c'est que tout le monde peut faire vert, mais les verts se radicalisent en la personne de EJ et va falloir l'attacher comme le barde de la célèbre BD

    la démocratie qui tend à la monarchie c'est nul, une démocratie explosée en droites diverses, centres multiples, gauche plurièle affublée de verts pas tous d'accord et méchants ça va donner en central

    en périph on va balbutier encore plus dans les aménagements, bonjour les tronçons LGV avec leurs gares, les pénétrantes, la guère des panneaux solaires et des moulins à vent

    ce que je retiens est qu'une élue puisse exiger l'abandon de Flamanville, le ridicule va agir nocivement, vous avez vu le chantier?on en aurait fait quoi de la cathédrale?

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  2. J'ai regardé Calvi la nuit dernière sur internet.
    Sur le plan politique, je n'ai pas vu vraiment d'analyse pertinente. Sans doute parce qu'il n'est pas encore dans les usages de dire qu'un parti va à la soupe à la télé.
    Par contre, même si ce n'était pas le roi de l'éloquence, le défenseur du nucléaire m'a apporté quand même certains éléments que j'ignorais, comme la totale autonomie sur le plan financier par exemple de la filière et de son apport à l'Etat. Par contre le risque nucléaire, personne ne l'a démontré. c'est juste un postulat. J'ai lu ce matin que les réacteurs qui pourraient être fermés dans les faits, et vieux de 40 ans, pourraient sans problème aucun de sécurité continuer à tourner pendant 20 ans, au moins.
    Eh oui un débat sérieux serait bien. mais ça n'intéresse guère les verts je suppose.

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