Il fallait bien un titre à ce
billet et j'ai donc pris celui-là. Mais ça aurait pu être "Crise des
migrants : l'UE dévoile une nouvelle fois ses faiblesses au monde", ou
encore "Tous d'accord pour la signature du TAFTA, mais divisés face à
l'invasion qui se profile", ou bien "Crise des migrants : un
traitement technocratique contre l'avis des peuples". De fait plein de
titres pouvaient être trouvés montrant d'une part la faiblesse de l'Europe
ainsi que sa profonde division, mais l'une est la cause de l'autre, et d'autre
part, une nouvelle fois la mise à l'écart des peuples, de leur volonté avec en
corollaire le bourrage de crâne qu'on leur fait subir pour accepter ce qu'ils
ne souhaitent pas accepter.
L'Europe est une machine
extraordinaire qui alimente la haine qu'on peut avoir d'elle. Taillée au fil du
temps pour devenir le prototype accompli du modèle libéral, broyant un à un
tous les obstacles qui se dressaient contre ce projet, les Etats-Nations, la
volonté des peuples, donc le modèle démocratique, les modèles alternatifs, on
vient de le voir récemment avec la Grèce, en fait toutes "ces
pesanteurs" nous attachant à nos racines, à nos traditions, à nos
identités, elle est devenue un monstre orwellien, un truc qui nous étouffe en
tant que peuples et même en tant qu'individus, passant beaucoup de temps à
soigner un vocabulaire destiné à faire passer les pilules amères. On appellera
ça les instruments du simulacre de la démocratie. Ainsi, par exemple, malgré
les promesses non tenues, on nous promettait la prospérité grâce à lui, l'euro
est devenu un sujet tabou.
S'agissant des migrants, vous
étiez contre les quotas? Eh bien vous aviez raison, d'ailleurs le président Hollande
aussi était contre, et est toujours contre! Mais vous ne serez pas opposés à un
mécanisme permanent et obligatoire de répartition des réfugiés (Hollande) ou un
mécanisme de répartition solidaire des réfugiés (Cazeneuve). Tout est dans la
manière de le dire, même si vous avez toujours aussi mal en vous asseyant. Et
donc nous ne remercierons jamais assez le socialiste Delors, nos présidents
successifs depuis Giscard inclus pour nous avoir guidés jusqu'à ce monde
radieux qui est le nôtre. Un monde qui pourtant part en vrille. Et c'est peut-être
une chance, même si finalement on sait qu'on aura du mal à combattre la bête
tellement elle verrouille bien le système.
Cette fois-ci ce sont les
derniers arrivés, les PECO comme on les nomme, qui cassent l'ambiance. Ces
anciens satellites de l'Union Soviétique ne veulent pas des quotas, enfin du
mécanisme de répartition obligatoire mais quand même solidaire qu'on veut leur
faire accepter. Ils ne veulent d'ailleurs pas de migrants en général, et
surtout pas de migrants musulmans en particulier. A vrai dire, je ne pense pas
que les migrants souhaitent également aller dans ces pays. Ils y passeront
peut-être par obligation mais ne s'y attarderont pas. Et là déjà on voit une
incongruité notoire entre un espace Schengen où la libre circulation des
individus est la règle et des quotas. On pourrait même penser, mais pour cela
il faut avoir l'esprit tordu, vous le reconnaitrez, que les quotas ne sont
qu'un leurre pour faire accepter l'entrée de migrants en Europe aux populations
qui sentent que le poids de la chose ne va pas tarder à retomber sur eux.
Evidemment je parle de ceux qui, majoritairement, comme les Français par
exemple, ne souhaitent pas voir arriver trop de migrants chez eux. Parait que
les Allemands adorent au contraire! Reste à voir. Il faut toujours se méfier de
ce qu'on nous montre et s'interroger sur ce qu'on ne nous montre pas.
D'ailleurs on peut légitimement se poser des questions sur l'accueil réservé
par les Allemands aux migrants, celui qu'on nous montre, tandis qu'il y a juste
3 ou 4 ans un livre écrit par un homme public allemand, Thilo von Sarrazin,
rencontrait un énorme succès outre-Rhin. L'auteur dans "L'Allemagne disparait",
dénonçait avec vigueur les effets néfastes de l'immigration musulmane sur son
pays.
Mais revenons aux PECO. Qui a un
peu voyagé à l'est de l'Europe comprendra l'attachement de ses peuples à leur
identité et à la religion chrétienne qui fait partie intégrante de cette
identité. Cette dernière, malgré le joug soviétique ne s'est jamais éteinte et
a permis au contraire à ces pays de se refonder à partir d'elle. On comprend
donc les réticences qui surviennent, exprimées très clairement d'ailleurs par
Viktor Orban, le premier ministre hongrois, lorsque cette identité apparait
comme menacée par des migrants d'autres cultures, d'autres religions. Et
peut-on donner tort à Orban quand on observe ce qui se passe dans certains pays
occidentaux en proie à des luttes identitaires dont semblent sortir toujours
vainqueurs les derniers arrivés? Notons au passage que cette vision des choses
ne nous est pas finalement très étrangère quand on voit certains élus accepter
de recevoir des réfugiés à condition qu'ils soient chrétiens. Mais chez nous,
c'est très mal vu et même parait-il contraire à la loi. Comment s'étonner
ensuite que quand on ne peut pas choisir ses invités on préfère ne pas en
recevoir du tout?
On peut donc considérer que le
droit d'asile est un devoir pour nous les nantis, enfin c'est comme ça qu'on
dit, mais ne pas fixer de limites à ce devoir revient à lui nuire. Certes on
peut considérer que des limites qui seraient la conséquence d'une appartenance
religieuse ne sont pas les meilleures et qu'il faudrait davantage se consacrer
à opérer les tris nécessaires pour ne recevoir que des gens pouvant prétendre
au droit d'asile.
Mais là on se heurte à un double
problème. Le premier c'est que tous ceux qui entrent et quel que soit leur
statut ont vocation à rester puisque la proportion des gens refoulés parce que
ne remplissant pas les conditions est ridiculement basse. Le second est que
depuis des années, et ça s'accentue avec le temps, les gens qui rentrent ne
sont soumis à aucune véritable politique les contraignant à s'intégrer, à se
fondre dans la masse. Bien au contraire le droit de vivre comme chez eux leur
est reconnu et tandis que les accueillants sont sommés de s'adapter. Non mais,
sérieusement qui aurait envie de subir ça sans réticence? Mis à part les bonnes
âmes qui n'ont jamais à supporter les conséquences de ce qu'elles préconisent,
laissant aux autres, aux plus précaires, à ceux qui n'ont guère le choix de leur
lieu de résidence, du lieu de scolarisation de leurs enfants,…, la charge de
leurs idées généreuses.
Qu'on règle ces deux problèmes et
les gens seront moins réticents. C'est une évidence! Mais peut-on encore les
régler, au moins le second, surtout le second? J'en doute. Et donc l'afflux
continu de migrants depuis des décennies s'étant accompagné d'un rejet de ce
qui avait marché avec les Polonais, les Italiens, les Portugais et tous les
autres, à savoir l'assimilation remplacée par un vague, de plus en plus vague,
concept d'intégration devenu désormais l'inclusion, ce qui revient à une officialisation
du multiculturalisme, mais faut pas dire le mot, donc la faiblesse de l'Etat,
son absence d'autorité, on vient d'en avoir encore la preuve avec les
occupations admises, tolérées et donc encouragées d'axes routiers par des gens du voyage revendicatifs,
donc la complicité de certaines élites, qui du moins se revendiquent comme
telles, etc., donc tout ceci crée, et évidemment les gens le sentent, les mêmes
conditions que celles qui ont amené les réfugiés que nous devons accueillir
aujourd'hui à fuir leur pays. Bientôt à ce rythme, le monde entier sera en
guerre, guerres de communautés, ethniques, religieuses,… Combien de temps cela
prendra-t-il? 20 ans, 50 ans, davantage? Peut-être moins, la faiblesse, le
refus de voir ce qui s'offre aux yeux de tous, la haine de soi et de son passé
devenue la norme, en tout cas en France, tout ça peut évidemment précipiter les
choses. La quantité et la volonté feront le reste.
L'"urgence humanitaire"
justifie-elle ce risque de plus en plus avéré? J'explique les guillemets qui
encadrent urgence humanitaire et en même temps les réserves que j'exprimais
quant à l'enthousiasme des Allemands. J'ai eu il y a quelques heures accès à
des témoignages très personnels, donc pas relayés par les médias mais les
réseaux sociaux, de gens résidant en Allemagne ayant une vision très différente
de ce qu'on nous présente : ceux-là voient des gens exigeants, très regardants
sur la qualité de l'aide matérielle qu'on leur apporte (nourriture, vêtements),
essentiellement des hommes (90% d'hommes et 10% de femmes et d'enfants mais
qu'on met en avant), donc
essentiellement des hommes jeunes en bonne santé, bien habillés, disposants de
i-phones, enfin bref, pas des gens sur lesquels on a tendance à s'apitoyer
d'instinct et dont le comportement revendicatif tendrait à ne pas les rendre
non plus sympathiques. Evidemment ça tranche avec la photo du pauvre gamin mort
sur la plage. Ces témoignages ne viennent pas du site du NPD. Pour être clair
ils émanent essentiellement de gens eux-mêmes immigrés en Allemagne et assez
stupéfaits de ce qu'ils voient.
Alors l'Europe dans tout ça? En
est-elle réduite à gérer dans la cacophonie son impuissance à protéger ses
frontières?
En tout cas il est sûr qu'elle
avance en tâtonnant, bien incapable d'anticiper les flux migratoires qui se
dirigent vers elle, bien incapable de procéder au tri entre légitimes
postulants au droit d'asile et les autres, bien incapable de pondre un plan de
gestion de ces masses venues d'ailleurs, pour être clair, de savoir ce qu'on va
faire de ces gens mis à part les répartir de façon illusoire entre les pays
européens, du moins ceux qui ne sont pas exclus de cette répartition de la
manne. Londres, Dublin et Copenhague, dotés d'un régime distinct sur
l'immigration et l'asile, ne sont pas concernés tandis que Budapest, devant sa
"mauvaise volonté" se voit exemptée. Et ce n'est pas fini puisque par
exemple le président polonais a rejeté l'idée de quotas. Certains devraient
peut-être payer pour ne pas subir cette politique, c'est une trouvaille de
Juncker qui impose quand même 400 réfugiés à son pays, le Luxembourg. Bel
effort! Surtout quand on compare ce chiffre aux 1500 imposés à la très riche
Slovaquie.
Mais au-delà, tandis que des
régions entières du monde sombrent dans des conflits ethniques et religieux,
tandis qu'on nous annonce des cataclysmes climatiques et les déplacements de
populations qui vont avec, tandis que les flux de migrants ne feront
qu'augmenter pour affluer en grande partie vers notre continent, que va faire
l'Europe? On l'imagine mal anticiper, son job n'est-il pas la promotion du
libéralisme mondialisé? Va-t-elle se laisser submerger en faisant semblant de
maitriser les choses en inventant des clés de répartitions autoritairement
solidaires? Oui sans doute.
Belle analyse du naufrage en cours. Les Allemands qui font (feraient?) la fête pour célébrer l'arrivée des migrants sont l'équivalent de l'orchestre du Titanic.
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