Si on observe la vie politique depuis la fondation de la
5ème République on remarquera aisément que jamais une majorité de
gauche n'aura été en mesure de tenir plus de 5 ans. Jamais plus longtemps! Et donc
par conséquent jamais la France n'aura été depuis 1958 affligée d'un
gouvernement de gauche pendant plus de 5 ans, le temps institutionnel de
prouver son incompétence sans doute, ou plutôt le temps que donnent les institutions
à un gouvernement pour pouvoir continuer à mal gouverner malgré une
incompétence très vite révélée.
Bon! Cela dit, et connaissant
leur sensibilité confinant parfois à la sensiblerie, je ne voudrais pas me fâcher
avec mes lecteurs de gauche, ni même surtout les heurter, et les prie donc de
ne pas prendre mes propos comme l'expression d'une vérité incontestable, mais
juste comme un exercice presque comptable que les faits à venir risquent d'ailleurs
de remettre en cause quant à sa pertinence, puisque 5 ans semblent être devenus
une échéance trop longue à supporter pour nos gens de progrès.
Pourtant ça démarre toujours bien.
Les flonflons, les rassemblements place de la Bastille désormais égayés de
couleurs très variées, le blanc, le bleu et le rouge faisant sans doute trop classique,
pas assez moderne, en fait trop réac. On promet un avenir radieux, une rupture
avec un passé aux multiples pesanteurs, un passé opprimant, des valeurs surannées,
une France rance, l'argent qui sent mauvais et donc les riches qui puent, en
fait et pour rester dans un registre olfactif très à la mode, d'où mes propos,
une rupture avec un passé nauséabond. C'et la fête! Un joyeux bordel dont la
gauche a le secret, derniers moment d'une joie nécessairement éphémère car dès
demain il va falloir se mettre au boulot. Pour ne pas sombrer trop vite dans la
déprime on agrémente ce terme honni de joyeuses innovations sémantiques, du style
ministère du temps libre ou bien du redressement productif, cela nous ramenant
immanquablement à Molière et à ses "Précieuses ridicules". Mais
l'idée du changement (c'est maintenant) impose sans doute ce prix.
Dès le début, et pour quand même
signifier que la gauche c'est pas la droite et que la gauche c'est donc le
progrès on fait du sociétal comme on dit, on marie par exemple les pédés et on
leur permet d'avoir des enfants car même la nature, très réac elle aussi, ne
peut résister à la marche du progrès. Et
puis de toute façon c'est toujour utile car après la prochaine branlée électorale
et la suivante, on pourra toujours rappeler à ceux qui auraient oublié pourquoi
ils ne voulaient plus de la gauche au pouvoir, ainsi qu'aux nouveaux électeurs considérant
que l'histoire du monde commence avec eux et donc n'ayant pas cru utile de se
renseigner sur ce qui 'était passé avant leur naissance, on pourra à tous ceux
là rappeler les grandes avancées qu'a permises la gauche.
Cependant le peuple, par nature
ingrat et pas en mesure d'apprécier les grandes avancées dont on veut lui faire
profiter bien qu'il n'en voit pas forcément la portée dans sa grande majorité,
étant finalement concerné à la marge, par le mariage homo par exemple, voit très
vite qu'il ne vit guère mieux qu'avant et même parfois plus mal, tandis qu'il
voit toujours les mêmes continuer à faire la fête. Il se rend compte finalement que le monde idyllique
qu'on lui a proposé n'est pas fait à on intention, bien qu'on lui enjoigne d'y souscrire
ou peine de rejoindre la cohorte de ceux désignés comme de beaufs réacs dont on
sait pourtant mieux qu'eux ce qui est bon pour eux.
Les fins de mois ne sont pas
meilleures, le boulot pas plus facile à trouver, l'insécurité augmente, la justice
rendue à son indépendance semble parfois davantage se soucier des délinquants
que de leurs victimes (tout cela n'étant évidemment qu'un sentiment et pas une
réalité. Non mais!), des cultures exotiques deviennent aussi respectables que
la vieille culture dont on a hérité et donc il faut faire de la place avant
peut-être de devoir s'effacer complètement comme c'est le cas sur certaines
parties du territoire national, etc. Enfin bref, le peuple ingrat, aux vues
limitées, a cette fâcheuse manie d'opposer son quotidien au progrès et à l'esprit
festif et partageur qu'on lui propose ou plutôt impose. Et donc 5 ans après
avoir été berné, il renvoie ce beau monde de gauche dans une opposition qu'il
n'aurait jamais dû quitter.
Mai ce que je viens de décrire,
c'est le rythme normal, celui qu'on connaissait depuis 1981. Une chose qui va
ans doute être dépassée par ce gouvernement placé sous la haute autorité de
celui que ses conseillers, et même pas quelque esprit malveillant de droite,
avaient pris l'habitude de surnommer pépère.
Pour faire court, jusqu'à présent
il y avait un adversaire institutionnel du gouvernement, alternativement la
gauche et la droite et un peuple dont ceux qui se déplaçaient jusqu'aux urnes
sanctionnait, toujours dans le cas de la gauche (législative), ou reconduisait
le parti au pouvoir.
Mais cette fois on assiste à une
chose inédite encore, une pratique institutionnelle qui va réjouir les spécialistes
du domaine qui vont pouvoir produire des textes ou des chroniques innovants car
décrivant une réalité nouvelle.
L'opposition ne s'oppose plu
vraiment, faisant le minimum trop occupée qu'elle est à faire ses lessives
internes, cela au passage la rendant indigne de son rôle et sans doute bien
incapable de proposer une alternative crédible, faute d'avoir consacré son temps
à y réfléchir. On pourra m'objecter qu'elle ne pourra pas faire pire, ce que je
veux bien admettre suggérant même de se passer de gouvernement (enfin d'en conserver
un chargé de régler les affaires courantes) comme l'avaient fait les Belges à
une époque récente sans que pour autant ils s'en soient plus mal portés,
semble-t-il.
Non, le vrai problème de ce
gouvernement vient de sa majorité. La majorité présidentielle n'a été que de circonstance,
la gauche de la gauche s'étant contentéd 'apporter un soutien lors de
l'élection présidentielle avant d'entrer assez vite dans une opposition de plus
en plus résolue. C'est sans doute typique de la France où le vocable
"gauche" quelles que soient
les significations qu'il recouvre permet une union fugitive lors d'une élection.
En Allemagne par exemple la gauche, tous partis confondus est majoritaire (de
très peu), mais c'est pourtant une coalition CDU/SPD dirigée par une
chancelière de droite qui dirige le pays, les proximités d'idées étant davantage
importantes qu'un mot, le mot "gauche" en l'occurrence. Et imaginez
donc le bordel que serait une Allemagne dirigée par un social-démocrate soutenu
parles verts et die Linke (le parti de gauche du coin). C'est cela qu'on a choisi
en France et c'est donc le bordel. On m'objectera que les socialistes ont la
majorité absolue à l'assemblée, mais que recouvre ce vocable socialiste sinon
une union d'opportunistes voulant profiter des moyens de ce parti au multiples
courants parfois irréconciliables pour continuer à exister, pour continuer à pouvoir
vivre confortablement sous les ors de la République française même si on la méprise
(comme par exemple une certaine Lienemann déclarant que la culture française n'existe
pas). Je pourrais faire la même remarque pour l'UMP dont je souhaite l'implosion.
Le parti socialiste est tout sauf un groupement cohérent d'individu partageant
les mêmes idées, même nuancées. C'est jute une machine électorale destinée à
placer des gens. A cet égard, j'ai un certain respect pour un Mélenchon qui a
su rompre et qui en paiera et en paie déjà le prix. Je comprends ses remarques désobligeantes
vis-à-vis de ceux qu'on nomme les frondeurs mais qui continuent à voter les lois
proposées parle gouvernement. Reste que la fronde existe et que ces gens au
moment opportun, c'est-à-dire au moment où ils sentiront que leur avenir sera
d'autant mieux assuré qu'ils sauront se démarquer définitivement du
gouvernement, en ralliant par exemple un
Hamon ou un Montebourg dont il ne faut pas se leurrer sur les intentions (de se
faire virer), ma foi simples puisqu'il 'agit de quitter un navire qui sombre et
de se refaire une virginité pour ménager ses ambitions.
En fait on voit très bien ce qui se
dessine. La majorité présidentielle n'existe plus, la majorité gouvernementale
et en train de se fissurer. Les verts ont quitté le rafiot, mêmes si certaines
ambitions personnelles permettront peut-être de sauver les apparences, au prix sans
doute d'une prochaine implosion de EELV, et il et fort possible et même probable
que bientôt le gouvernement ne dispose plus de la majorité nécessaire pour par
exemple faire passer le budget ou une loi importante. La dissolution de l'assemblée
est donc très prévisible à une échéance assez courte. La majorité se sera donc
sabordée se montrant incapable de tenir les 5 ans que lui offrent les institutions.
Trop d'années pour de tels gens, c'est sûr.
Mais ça pose au moins une
question et un problème.
Ma question est d avoir si tout
ça n'est pas un peu téléguidé d'en haut. On se rappelle évidemment la réélection
de Mitterrand après deux ans de cohabitation. C'est sans doute le seul espoir,
même ténu, car Hollande n'est pas Mitterrand, pour pépère de se faire réélire, sa
présence au second tour face au candidat du FN, le rêve, paraissant désormais
impossible tellement il est nul. Ça permettrait peut-être aussi (prime à l'opposition)
au PS de limiter les dégâts lors des régionales à venir, et peut-être un résultat
honnête, voire mieux aux législatives de 2017. Les Français ont la mémoire courte.
Qui se souvient encore par exemple de Ayrault qui était encore premier ministre
il y a 6 mois?
Je ne pense pas impossible ce bas
calcul politicard, tout à fait dans les cordes de l'ancien premier secrétaire
du PS. Un calcul ne prenant évidemment pas en compte les intérêts de la France,
ce dont il doit se foutre éperdument dès lors que lui y trouve son compte.
Le problème est d'ordre institutionnel.
Dès lors qu'il a été établi le quinquennat et que la possibilité de dissoudre
l'Assemblée Nationale n'a pas été remise en cause, il est évident que le
véritable chef du gouvernement ne peut être que le président de la République, le
premier ministre se voyant confiné ainsi que le disait très justement Sarkozy
au rôle de collaborateur. Seule une cohabitation peut faire émerger un premier ministre
digne de ce nom, mais néanmoins entravé dans son action par le président. Il serait
donc logique qu'une dissolution s'accompagne de la démission du président de la
République. Et donc en continuant sur cette logique que le poste de premier ministre
disparaisse, même si on peut en garder le nom pour un coordinateur de l'action
gouvernementale qu'il deviendrait alors.
Suggestions offerte gracieusement
à tous les amateurs de 6ème République.