"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 28 avril 2013

Quelle défense pour la France? (complément)


En complément à mes récents billets sur l'avenir possible de notre défense, il me semble utile de faire référence à cet article paru dans le Figaro à la veille de la parution du Livre Blanc de la Défense.
Pour rappel, un Livre Blanc fixe les grandes lignes de la politique de défense, en prenant en compte le contexte géopolitique présent et prévisible. De fait l'édition d'un nouveau Livre Blanc est assez rare (il n'y en a eu que trois depuis 1972) et correspond à des modifications majeures d'un équilibre géostratégique mondial. Le dernier datait de 2008. Il devait être révisé en 2012 pour prendre en compte les évolutions apportées par les "printemps arabes" et le désengagement des Etats-Unis d'Europe. Hollande a demandé à ce qu'il soit réécrit tandis que les grands équilibres mondiaux n'étaient pas fondamentalement bouleversés et que donc une simple révision suffisait. Peut-être encore la volonté pathologique de détruire l'œuvre de son prédécesseur, ou peut-être le désir de faire plier la réalité géostratégique et nos ambitions aux aléas budgétaires, puisque de tous les ministères c'est sur celui de la défense qu'on peut taper sans prendre le risque de voir débouler des furieux dans la rue.

Quoiqu'il en soit les choses sont faites, même si elles ont pris du retard, à cause en particulier de l'intervention au Mali qui a occupé le Ministère.
Que faut-il en retenir?

Tout d'abord que les choses ne se sont pas passées très sereinement : "Déficit de pilotage de l'exercice", "autoritarisme du ministère de la Défense", "vision trop optimiste de la situation", "absence de suivi de l'Élysée", voilà ce qu'en disent es membres de la commission.
Ensuite que les contraintes ont été fortes. La difficulté a été de concilier les réalités stratégiques et les contraintes budgétaires. "Dès le départ, il y a eu une contradiction majeure entre la lecture du monde, qui n'est pas plus stable qu'en 2008, et les restrictions budgétaires, incontournables. Les membres de la commission ont eu du mal à regarder en face cet antagonisme" cite une source près du dossier.
U coup les ambitions en matière de défense ont été revues à la baisse avec un recentrage dur l'Europe et l'Afrique et l'abandon de nos ambitions en Asie. Le contrat opérationnel a été divisé par deux, passant d'un engagement sous délais très rapides de 30000 à 15000 hommes, ce qui fait peu, semble insuffisant eu égards aux menaces décrites, et laisse à réfléchir quand on mobilise plus de 50000 policiers et gendarmes pour le réveillon du nouvel an (le danger serait-il devenu intérieur aux yeux de nos gouvernants?).
Nous voilà donc parti pour un modèle de défense au petit pied, certes moins grave que dans l'hypothèse soutenue par Bercy et dont j'avais parlé qui revenait purement et simplement à sacrifier l'outil de défense. On ne peut guère dire que l'essentiel est sauvé dès lors qu'on va passer de 1,5% par rapport au PIB de dépenses militaires à 1,35. Cette diminution impliquera une dégradation progressive de la situation, en capacités humaines et matérielles qui ne pourront être corrigées que par une injection massive de crédits dans les prochaines années. Si ce n'est pas le cas, la France subira un énorme déclassement en termes de capacités de défense.

Personnellement, je pense que le problème de la défense a été traité comme tant d'autres, plus sévèrement parce que même si le poids social n'est pas à négliger, ce n'est pas dans la rue qu'il se traduira. Par ailleurs électoralement c'est davantage payant de flatter la croupe des enseignants, sans discernement et sans s'attaquer aux structures, que de garantir aux militaires les moyens de leurs missions, pas tant pour des raisons d'opinions politiques que pour des questions de volume.
L'Elysée a suivi ça de loin, s'en tenant à un vague compromis entre les comptables de Bercy qui ont vu u gisement d'économies faciles et les experts de la défense. Bercy reviendra à la charge, n'en doutons pas. La réalité géostratégique, de son côté, ne s'adaptera pas à nos contraintes budgétaires. En attendant, le président, comme à son habitude courbe l'échine, espérant que ses non-choix n'auront pas de conséquences (en gros, c'est prions pour que les menaces ne se manifestent pas) et attend pour repasser le bébé à son successeur qui décidera de redresser la barre ou pas. Sans doute pas d'ailleurs ou insuffisamment si on considère l'effort de rattrapage qu'il y aura à faire.

http://www.lefigaro.fr/international/2013/04/26/01003-20130426ARTFIG00541-la-france-recentre-sa-politique-de-defense.php

 

vendredi 26 avril 2013

République exemplaire


C'était une promesse du candidat Hollande. Une parmi d'autres qui ne seront pas tenues. Ah quel bonheur d'avoir eu ce mariage pour tous qui a permis pendant presque un an d'occulter tous les autres débats et de faire passer à l'arrière plan l'incompétence de ce gouvernement, président inclus et ses conséquences! La république exemplaire au moins aurait pu permettre de sombrer dans une moite moralité, mais ça ne sera pas le cas. En effet, cette république n'a rien d'exemplaire ou de moral et les jours, les semaines et les mois qui passent nous montrent à quel point ce système est corrompu.

Puisque nous parlions du mariage pour tous, la seule promesse peut-être qui sera tenue, moins la PMA pour tous puisqu'il semble qu'Ayraut ait annoncé que le projet était abandonné, ce qui ne doit pas pour cela amoindrir la nécessaire vigilance face à la résurgence d'une revendication qui réapparaitra dans 5, 10 ou 15 ans et dont la gauche, avec de nouveaux dirigeants s'emparera dans sa soif de sociétal, enfin de ce qu'ils appellent le progrès, cette chose qui devrait nous délivrer de toutes nos entraves et donc finalement nous rapprocher encore davantage de l'animalité dont l'homme s'est extrait il y a fort longtemps, donc puisque nous parlions du mariage pour tous, il est intéressant de voir de quelle manière le pouvoir socialiste a traité l'information. Nous ne parlerons pas des sondages destinés à faire croire au peuple que ceux qui étaient contre étaient forcément minoritaires jusqu'à ce qu'on se rende compte que ce n'était pas si sûr que cela, nous ne parlerons pas de cette manière digne de l'époque soviétique de qualifier ceux qui s'opposaient à cette mesure, réduits à quelques abrutis fachos-cathos nécessairement homophobes, nous ne parerons pas de cette pseudo-menace que faisaient et feront encore peser sur les institutions cette meute de réactionnaires qu'on arrachait des pelouses du parvis des Invalides pendant qu'ils écoutaient des textes sans doutes nocif pour les jeter dans un panier à salade avant de les mettre en garde à vue pendant de longues heures, bien davantage que ne le sont les malfrats ordinaires prêts à vous tabasser pour votre portefeuille ou plus simplement une cigarette ou même un regard nécessairement mauvais parce que pas soumis. Nous nous intéresseront plutôt à cette manipulation des chiffres des manifestations organisées par ces adversaires du fameux mariage pour tous.
Les gens qui connaissent un peu Paris et qui ont pu voir quelques clichés, pas ceux du ministère de l'intérieur, on va y revenir, auront pu avoir quelques doutes légitimes quant aux chiffres annoncés par la Préfecture de police au sujet du nombre de manifestants. Chiffres à chaque fois provisoires et confirmés dans les jours qui suivaient. "Que les journalistes viennent voir les photos pour vérifier que nos chiffres sont les bons" disaient nos serviles fonctionnaires. Très peu l'ont fait. Et ceux qui l'ont fait et qui voulaient connaitre la vérité n'ont pas été déçus.
Je vous livre à ce sujet deux liens intéressants :

Si vous n'ouvrez pas ces liens, un petit résumé : un premier journaliste peu après la manifestation du 24 mars répond à l'invitation de la préfecture de police. Il a accès à des images inexploitables (basse définition) et apprend que peut-être certaines vidéos ne sont pas accessibles aux journalistes. Un second journaliste consulte les images mises ensuite en ligne sur le site de la préfecture et décide de les faire analyser par trois labos étrangers (la confiance règne!) : les photos sont truquées, répondent les trois labos, rapport détaillé à l'appui. D'autres investigations de la part des deux journalistes se heurteront au mur du silence.
Voilà donc comment ce gouvernement qui nous parle de moralisation, de transparence et de tous ces boniments pour gogos socialos qui ne demandent qu'à écouter la voix de leur maitre (et quel maitre!!!) traite l'information. Cela rappelle ces vieilles photos de la vieille garde bolchevique autour de Lénine dont les personnages disparaissaient au fur et à mesure des purges staliniennes. Idem pour la Chine. A gauche, décidemment, on reste quand même fidèle à ses racines. Le progrès peut-être, mais pas dans les méthodes. Au passage vous remarquerez que ces deux informations pourtant décalées dans le temps n'ont surtout pas été reprises par les médias, pourtant friands de scoops nauséabonds. On en tirera les conclusions qui s'imposent.

Passons à autre chose. On a bien vu que lors de la constitution des divers cabinets, commissions ou lors des nominations après la purge, les copains ont été copieusement récompensés du fait d'être des copains. Rien que du classique me direz-vous. Après tout les socialistes ne sont pas là pour durer, ils ne le font d'ailleurs jamais et ce gouvernement et le président sont tellement honnis qu'il serait étonnant que cette juste loi des séries s'interrompe. Donc autant profiter de la soupe pendant qu'elle est encore chaude ceci jusqu'à plus faim ni soif. Les écuelles seront récurées avec la langue, soyez en assurés. Oui, je répète, rien que du classique, pourtant selon le candidat Hollande ce sont les compétences qui devaient primer davantage que les copinages. Premier point.
Mais cela ne serait pas suffisant si la république des copains n'était pas aussi celle des conjoints, devant la loi ou pas d'ailleurs. On dénombre à ce jour au moins 4 conjoint(e)s de ministre ou proche conseiller du président qui se sont trouvé de confortables places dans les cabinets d'autres ministres quand ce n'est pas dans celui du ministre en question. Idem pour le président de l'assemblée nationale dont la femme est une des pus proches collaboratrices. Certes il n'est pas question de douter des compétences de ces différents personnages, des ministres, si, mais imaginez le tollé si cela avait été le fait de la droite. On se rappelle du scandale de l'Epad, poste par ailleurs non rémunéré. Mais les socialistes, eux, ils peuvent, sans que cela émeuve d'ailleurs grand monde, l'info délivrée par le Canard enchainée n'ayant pas suscité plus d'intérêt que cela dans nos médias. Encore une fois on en tirera les conclusions qui s'imposent.
Pour être complet sur les conjoints, il est curieux que la plainte dument enregistrée et qui donc sera instruite au sujet de la position de madame Trierweiler et d'un possible détournement de fonds publics n'ait pas suscité davantage d'intérêt. Pour résumer, pour ceux qui ne seraient pas au courant : si madame T. n'a aucun lien avec le président autre que celui de copine du moment, il apparait curieux que le contribuable doivent l'entretenir ainsi qu'un cabinet pléthorique. Si le lien est autre, concubinage notoire par exemple, la déclaration de patrimoine du candidat Hollande est donc fausse. Dans cette affaire il semble que le couple ait choisi imprudemment le beurre et l'argent du beurre. Mais ayons confiance en notre justice pour nous éclairer sur ce point.
Bon je sais, certains vont me trouver u peu mesquin. Mais ce n'est pas moi qui ait fait campagne en dénonçant un système soi disant pourri et même corrompu et en promettant que les choses allaient devenir saines. Et j'imagine le titres de nos médias si es mêmes choses s'étaient passées sous le précédent quinquennat.

Continuons. Il est sans doute impossible de ne pas évoquer l'affaire Cahuzac. Je ne souhaite pas m'exprimer sur les actes délictueux commis par notre ancien ministre du budget, mais m'interroger sur la clairvoyance de notre président et de son premier ministre. Ou sur leur complicité passive, s'ils savaient ou ont su quand 'affaire a été dévoilée. De fait la réaction a été assez curieuse et disproportionnées, en tout cas mal ajustée pour que des doutes n'existent pas.
En tout cas comment, au mieux, dissocier la faute d'un seul homme de la bêtise ou de la légèreté de ceux qui lui ont confié un tel poste. La république irréprochable implique qu'on soit sûr de ses collaborateurs, de leur moralité, de leur passé. Comme on dit, la confiance n'exclut pas le contrôle. Chose qui a ou plutôt aurait échappé à notre moineau bicéphale, notre si performant couple exécutif.
Et comment peut-on oser pour masquer une faute personnelle, pas celle de Cahuzac mais la sienne propre, mettre en lumière tous les hommes politiques de la France ainsi que d'autres catégories, sommées de présenter à la vue de tous leur patrimoine, sans que cela d'ailleurs 'atteste ni de leur honnêteté, ni de leur crapulerie, la fortune ou son absence n'ayant rien à voir avec la vertu. Certes on dit que dans d'autres pays ça se fait. Oui mais pas comme ça : souvent on prend comme référence les revenus pendant le mandat, sans se plonger dans le patrimoine des intéressés. Ce qui est d'ailleurs plus pertinent car cela permet un contrôle au fil du temps. La république irréprochable ce n'est pas de regarder qui a la plus longue ou la plus courte, c'est de regarder l'état avant et après et de pouvoir expliquer les différences. Et ça ça peut se faire en tirant les rideaux, comme dans tous les lieux respectables.
De fait le procédé de Hollande me parait quelque peu vicieux. L'homme parlait avant son élection de république morale. On a vu ce qu'il en était avec Cahuzac. Donc il n'a rien fait pour que sa promesse soit tenue. Lorsqu'on découvre le pot-aux-roses, et c'est bien évidemment cela qu'on reproche à Cahuzac, d'avoir été pris, bien davantage que d'avoir fauté, on fait un excès de zèle qui ne résout rien, n'offre aucune garantie pour l'avenir mais expose le personnel politique du pays. Une honte!!!

Je souhaits m'exprimer également sur la justice de notre pays. Pas seulement sur le fameux mur qui a au moins cet avantage de ne plus permettre le doute sur la partialité de certains de nos juges. Mais sur plusieurs événements. Car la justice doit veiller à ce que la république soit irréprochable en l'étant elle-même, ce qui ne me semble pas être le cas. Mais pour des questions de longueur, il faudra remettre ça à plus tard.
En attendant ces quelques éléments, bien qu'incomplets, sont déjà eux-mêmes révélateurs de l'état de déliquescence de cet Etat socialiste, de ses mensonges, de ses tromperies, de sa non-respectabilité.

mardi 16 avril 2013

Dur d'être riche et de gauche


Cahuzac avait démontré aux Français qu'on pouvait être ministre dans un gouvernement de gauche, riche et tricheur. L'émotion fut forte, assez forte pour que le président de la République se sente obligé de s'adresser par deux fois aux Français. Il faut dire que la première fois avait été assez pathétique, entre "je ne savais pas, il nous a trompés", et l'annonce de mesures qui n'en étaient pas puisque celles proposées existaient déjà, mais demandaient peut-être à être mises en œuvre. Bref il n'avait guère convaincu. Par ailleurs de nouvelles allégations de Médiapart et d'autres médias sur la connaissance que pouvaient avoir le président et certains ministres des turpitudes du ministre du budget, ainsi que sur le montant réel déposé sur ce compte en exil devenaient embarrassantes pour le pouvoir et il était urgent, faute de pouvoir sans doute démentir preuves à l'appui ces affirmations, de les faire oublier en frappant un coup dur.
Certes le mariage pour tous discuté au Sénat pouvait aider, mais ça ne suffisait pas. Pas plus que l'avancement dans le calendrier de la seconde lecture de la loi devant l'assemblée nationale avec les effets qu'on peut en attendre quant à la radicalisation du mouvement anti-mariage pour tous. Car il est peu probable qu'on arrive à démontrer que des gens qui ne cassent rien, qui ne brulent pas de voiture, qui n'agressent physiquement personne, constituent un danger pour la République. Il fallait donc trouver autre chose. Faut dire qu'avec un peuple gavé de télé-réalité et donc enclin au voyeurisme on pouvait s'en sortir assez facilement en répondant à ses bas-instincts. Ah, il voulait voir le peuple, alors on allait lui en mettre plein les mirettes. "Mesdames et messieurs les élus, au nom de la transparence et de la moralisation de la vie politique, vous voilà sommés de mettre tout sur la table. De vos comptes, assurances-vie, livrets A, placements divers (réguliers bien sûr), biens immobiliers et mobiliers, de vos moyens de déplacement, tout, nous devons tout savoir." "Chiche" répondirent certains dont les raisons de cet enthousiasme restent parfois sinon ténébreuses, animées d'intentions sans doute peu avouables, "gloups" répondirent les autres pour des raisons analogues. On n'essaiera pas de les développer en détail. Arrêtons-nous simplement à celles qui justifient le titre de ce billet.

Il est effectivement difficile d'être de gauche, d'exercer des responsabilités politiques et d'être riche en même temps. Non pas tant parce que le peuple se serait fourvoyé dans cette idée que les gens de gauche seraient forcément des gens modestes, les années Mitterrand ayant définitivement décillé les plus distraits, que parce qu'à force de taper sur les riches, de leur imputer tous les maux de la société française, et notamment les maux économiques, de les faire passer pour des gens sans morale, de dire qu'on ne les aime pas comme le fit le gras millionnaire qui allait devenir président quelques années plus tard, il devient effectivement difficile d'admettre qu'on fait partie de cette catégorie honnie. Devra-t-on en plus faire avouer aux riches de gauche qu'ils ont bénéficié, à l'insu de leur plein gré bien évidemment, du honteux bouclier fiscal mis en place par l'Infâme, et que par conséquent ce n'est pas seulement Liliane Bettencourt qui en a profité. Il semblerait qu'on leur épargne cette épreuve déshonorante en les exemptant de publier leur avis d'imposition. Dans le cas inverse une cellule psychologique aurait sans doute dû être mise en place. Quoique vues les réactions de certaines des personnes concernées, cette option ne doive pas être définitivement écartée.

Car pour certains le choc est violent. D'autant plus violent qu'ils en avaient même oublié qu'ils étaient riches, ce que cette mesure leur rappelle de façon inopportune.
Dans cette catégorie des personnes violemment traumatisées on trouve sans doute au premier rang notre malheureuse ministre déléguée aux personnes âgées et à la dépendance dont on découvre que la sienne ne devrait guère lui poser de problèmes, au moins financiers.
Notre pauvre (titre honoraire qu'elle mérite amplement) madame Michèle Delaunay se trouve en effet, avec son époux, à la tête d'un patrimoine de 5,4 millions d'euros, comme moi si je gagnais au loto au rang 1 finalement. Donc pas de quoi fouetter un chat. Mais elle ne l'envisage pas comme cela. Elle est au contraire fort gênée de sa fortune dont l'exposition, selon ses mots pourrait susciter de l'incompréhension. Faut dire que ses craintes sont justifiées alors qu'on la connait plutôt sectaire et aimant à se présenter comme le parangon de la lutte contre les inégalités. Elle est donc gênée et même "émue de devoir transformer toute une vie en éléments financiers. Alors qu'elle est tout sauf ça". Qu'elle ne s'inquiète pas, j'ai des solutions pour la sortir de là. On verra ça plus loin.
Mais pourquoi lui en vouloir, à madame Delaunay. Une partie de ce patrimoine, elle et son époux l'ont gagné à la sueur de leur front en exerçant des activités professionnelles très louables, cancérologue et chef de clinique pour ce qui la concerne, et haut fonctionnaire pour ce qui concerne monsieur. Rien que de très honorable là-dedans. Et pour le reste, la plus grosse partie, ça lui est, ça leur est tombé dessus. Ce sont des héritiers. Donc en quelque sorte des victimes. Ce qui explique peut-être qu'ils n'ont pas eu d'enfants, ne voulant pas faire peser sur leurs têtes un si lourd fardeau. On pardonnera donc d'autant plus aisément à madame la ministre qu'on sait qu'elle a dû beaucoup souffrir de cette tare d'avoir des parents riches.
Mais ce qui incite le plus à lui pardonner, c'est cette émotion dévoilée mais aussi et surtout le fait qu'elle assume finalement sa fortune parce qu'elle "ne s'est jamais vécue comme riche". Puisse cette phrase être gravée en lettres d'or en guise d'épitaphe sur sa tombe qu'on espère encore très éloignée d'elle. Car c'est une vraie leçon de vie qu'elle nous donne ici. Et qui pourrait profiter au plus grand nombre, donc aux modestes et aux pauvres. Si vous ne voulez pas vivre mal votre pauvreté, vous pouvez l'assumer en ne vous vivant pas comme pauvre. Essayez, et vous allez tout de suite vous sentir mieux, vous verrez. Ceci dit, si au coin d'une rue vous croisez madame la ministre vous pouvez tout de même essayer de lui demander un petit quelque chose. Ça devrait lui faire plaisir de se délester d'une partie de sa fortune à votre profit, à moins qu'à ce moment-là, précisément, elle ne se sente pas vraiment riche et ne comprenne pas votre requête.
En attendant, et pour sortir madame Delaunay de son visible embarras, j'ai quelques suggestions à lui faire : la première serait de quitter la vie politique et de dépenser son fric sans mesure ; la seconde serait de sortir régulièrement de chez elle avec un sac à dos rempli de talbins et d'en balancer au hasard de ses promenades; ou encore de tenter de faire la connaissance de pauvres au cours de ses sorties pour en adopter quelques-uns. Si elle est trop timide pour cela, je peux lui fournir des noms ou encore je peux lui adresser un RIB pour qu'elle en fasse bon usage. J'ai étudié son problème et des solutions existent. Et en plus la consultation est gratuite.

lundi 15 avril 2013

L'homme-édredon


Le décès récent de Margaret Thatcher et les réactions qu'il a suscitées, réactions hors normes lorsqu'il s'agit de la disparition d'une personnalité, donne à réfléchir sur la notion d'homme d'Etat.
En France la simple disparition de la scène politique d'un Chirac a suffi à créer une certaine unanimité bienveillante autour de sa personne. Même certains de ses adversaires politiques plaidaient l'indulgence quand il fut trainé devant les tribunaux. Tandis que Thatcher, même 23 ans après qu'elle eut quitté le pouvoir, continue à susciter des passions antagonistes. Elle fut pourtant élue démocratiquement et assez appréciée pour être réélue deux fois et battre le record de longévité d'un premier ministre britannique. Ce n'était pas un tyran et quand il lui fallu partir sous la pression de son propre parti elle le fit.
La question est donc : est-ce à la marque d'un véritable homme d'Etat de pouvoir être encore détesté même au-delà de son existence? (en démocratie s'entend).

Parce que le vrai chef d'Etat, ce n'est pas tant celui qui rassemble, au sens de vouloir faire plaisir à tout le monde (ici le vouloir est important), que celui qui décide et qui fait respecter ses décisions. Dans ce sens Thatcher fut une véritable femme d'Etat, ne transigeant jamais sur rien quel qu'en soit le prix. Et on sait que celui-ci fut parfois très élevé, la mort pour certains qui avaient mis leur vie sur la sellette. Ils furent 10 indépendantistes irlandais à mourir en 1981 des suites d'une grève de la faim sans avoir rien obtenu. Cette intransigeance que d'autres durent supporter durement, comme les mineurs et les syndicats, mais aussi ses homologues chefs d'Etat ou de gouvernement, n'est évidemment pas pour rien dans cette haine qu'elle suscite encore chez certains et même au-delà des frontières britanniques. Mais elle agit toujours selon ses convictions, pour son pays qu'elle redressa.

 Il est tentant, si on s'amuse à prendre Margaret Thatcher comme étalon, n'y voyez pas de jeu de mots, de placer notre président sur cette échelle des chefs de l'exécutif. Et là nous ne sommes pas déçus. Si en haut nous avons donc la "dame de fer", nous avons ce privilège pourtant pas envié d'avoir pour nous diriger "l'homme-édredon". D'un côté nous avons la dureté, de l'autre la mollesse. D'un côté nous avons le courage, de l'autre une constante pusillanimité. D'un côté nous avons la fermeté, de l'autre l'inconsistance. D'un côté nous avons un cap bien fixe, de l'autre de continuels atermoiements.

L'homme édredon, celui auquel des inconscients qui pour beaucoup désormais le regrettent amèrement, est une calamité pour son pays. Et c'est d'autant plus une calamité qu'on ne peut guère faire quelque chose contre lui. En fait il énerve jusqu'à ce qu'on décide qu'on n'a plus qu'à attendre que le temps passe et nous débarrasse de lui. Car il est difficilement saisissable, et quand vous pensez l'avoir saisi vous ne savez pas quel bout vous tenez tout en vous rendant compte de son encombrement, de son inutile encombrement. Vous voulez le cogner, et vous tapez dans du mou, vous vous enfoncez inutilement sans jamais lui porter atteinte. Il se déforme et peut même prendre toutes les formes qu'on veut. Enfermez-le dans une boite cubique, il devient un cube, enfermez-le dans une sphère, il devient sphérique. C'est l'inconsistance même, celle qui fait que vous n'avez aucune prise sur lui. Tapez-le il ne se passe rien, invectivez-le, vos paroles s'étouffent dans sa masse, en l'occurrence grandissante.
Même ceux qui se prétendent ses amis, ou plus pragmatiquement ses alliés (de circonstance) ont du mal à cacher leur mépris pour lui. Evidemment ils ont largement participé à sa réputation avant qu'il n'arrive là où il est arrivé sans doute parce qu'après un homme qui avait du mal à arrondir les angles, une majorité d'électeurs se sont orientés vers quelque chose de beaucoup plus douillet. Ils n'ont pas manqué de lui donner ces sobriquets que son action ne peut réfuter. "Fraise des bois" devenu "fraise flagada" (Fabius), "Flamby" (Montebourg) , "couille molle" (Aubry), "Guimauve le Conquérant" (Bachelay), "pépère" (ses conseillers), voilà un échantillon des sobriquets qu'il traine depuis des années et donnés au sein même de son camp politique. Lui vous dira qu'il s'en moque, qu'il a le cuir bien tanné. Mais c'est faux. Il suffit de voir ses piètres réactions quand ses propres ministres mettent publiquement en doute son action. Non il n'a pas le cuir tanné, il est mou et tout cela s'enfonce vers des profondeurs inconnues. Alors vous pensez bien que les mots doux venant de l'opposition qui est là dans le rôle qui lui est assigné ne peuvent guère l'atteindre. Et ça quand même c'est pénible.

Un jour viendra, espérons-le proche, où l'homme-édredon devra rendre les clés de la maison France. L'état des lieux ne sera pas terrible. Alors il disparaitra des radars. Ses amis (!) socialistes n'ouvriront pas le club des "amis de Hollande", on ne l'envisagera jamais comme un recours éventuel, il n'y aura pas besoin de s'acharner judiciairement sur lui (inutile de toute façon car il ne sait jamais rien!). On l'oubliera. Un jour, comme c'est la chose que nous partageons tous, et espérons pour lui que ce sera le plus tard possible, il disparaitra. Sans doute cela méritera-t-il un filet aux informations. Mais sans doute, à condition qu'il ait une certaine longévité, les plus jeunes se demanderont qui c'était tandis que les plus vieux essaieront vainement de mettre un visage sur le nom qu'ils viendront d'entendre. Peut-être cette image de l'édredon leur viendra-t-elle alors à l'esprit.

vendredi 5 avril 2013

Malaise dans la société française…


….Et peut-être aussi dans la civilisation.

L'affaire Cahuzac qui aurait pu être banale il y a encore quelques années, quand le mensonge politique était parfaitement admis et même admiré en fonction des sympathies éprouvées par celui qui le prononçait, souvenons-nous Mitterrand face à Chirac dans le débat d'entre deux tours en 1988 ("les yeux dans les yeux, je vous le dis"), l'affaire Cahuzac pourrait-elle être l'affaire de trop, celle qui pourrait faire vaciller le système. Je ne parle pas du gouvernement, mais bien du système politique que nous connaissons depuis quelques décennies, estimé le meilleur ou le moins pire par le plus grand nombre depuis pas mal de temps, la démocratie représentative.

Le peuple, mais cette notion reste à préciser, constate sans doute, non seulement que sa place dans la démocratie se trouve de plus en plus réduite, réduite au rôle de fournir par un bulletin jeté solennellement un dimanche dans une urne, postes et prébendes à des gens, souvent les mêmes pendant des décennies qui eux-mêmes pourvoiront aux besoins de leurs amis et même le cas échéant de leur famille, mais aussi que leurs représentant jouent contre leurs intérêts, leurs volontés, leurs conceptions de la société en oubliant l'intérêt commun pour privilégier des intérêts particuliers qui peuvent être parfois les leurs.

La situation parait préoccupante. C'est toujours préoccupant quand on veut poser la vertu comme clé de voute d'un système, quand la morale veut remplacer la loi. On sait en effet où nous ont mené les régimes qui plaçaient la vertu au pinacle. En France, ce fut souvent sur la Place de la Concorde où roulaient les têtes. D'autres pays l'imitèrent encore très récemment.
C'est Montesquieu qui disait que "même la vertu a besoin de limites". Et il n'avait pas tort. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille fermer les yeux sur les turpitudes des uns et des autres, mais juste les placer entre les mains des juges… à condition que ces derniers n'endossent pas le rôle du justicier garant de la morale plutôt que de la loi. Il parait que ça se rencontre.

Ceci dit, c'est d'autant moins facile de résister à la tentation du "tous pourris" que les apparences, et aussi les réalités ne nous y incitent guère. Surtout dans une période de longue crise dont on ne voit pas le bout qui en jette beaucoup dans la précarité et fait craindre à de nombreux autres de les rejoindre à plus ou moins brève échéance.
Que penser d'un système où des responsables de son bon fonctionnement bafouent les lois pour s'enrichir tandis qu'un chômeur en fin de droits en est réduit à s'immoler parce qu'on lui réclame quelques centaines d'euros de trop perçu? Que penser d'un système ou tant de gens cherchent un emploi alors que les amis du pouvoir se retrouvent casés dans des postes sinon prestigieux, bien rémunérés, ou alors que les conjoints des ministres ou présidents d'assemblée officiels ou non, parce qu'on peut défendre devant les parlementaires le mariage pour tous sans être pour autant amateur ou amatrice en la circonstance de la chose, sont casés dans son propre cabinet ou dans celui d'un autre responsable national? Que penser d'un système où ceux qui paient l'impôt et ont intérêt ni à se tromper sur leur déclaration, ni à avoir une journée de retard, voient des puissants s'y dérober? Tout cela se passe en France, dans la démocratie française, actuellement sous un régime de gauche. Ça se passait aussi comme cela avant, n'en doutons pas, mais au moins avait-on au moins la décence de ne pas en appeler sans cesse à la morale.
Alors certes, on me dira, avec raison, que ça ne concerne pas tout le monde, peut-être même peu de monde, mais force est de constater que des affaires ne cessent de sortir en permanence. Sans parler de ce qui ne se voit pas, comme ces affaires de népotisme évoquées au-dessus, et qu'on ne découvre que par hasard ou en étant curieux, c'est-à-dire, en ayant davantage de temps que beaucoup d'autres partagés entre leur travail et leurs difficultés domestiques.

Alors effectivement à un certain moment ça risque de craquer. La précarité ou la peur de la précarité des uns face aux abus des autres, de certains autres, abus que la stigmatisation du riche gagnant plus de 1 million d'euro par an ne peut suffire à camoufler, peuvent engendrer des réactions de rejet violentes. D'autant plus violentes que beaucoup sentent que leurs intérêts, leurs préoccupations, leurs angoisses ne sont pas prises en compte, et sont même parfois méprisées. Il est en effet plus facile de pardonner ou de fermer les yeux sur les turpitudes de ceux qui vous permettent de mieux vivre ou dont vous sentez qu'ils vous respectent et œuvrent dans votre intérêt. Or, au moins les apparences sont contre ceux qui nous gouvernent, et même ceux qui voudraient les remplacer un jour. Et les sondages, en même temps que quelques élections législatives partielles, le montrent de façon éloquente.
Quand une partie du peuple se sent méprisée, par exemple ces opposants au mariage homosexuel dont on minore de façon tellement visible donc honteuse le nombre quand ils descendent dans la rue, elle n'est plus dans cet état d'esprit de tolérance vis-à-vis des turpitudes de certains membres de la représentation nationale, ni même dans cette passivité qui caractérise généralement ces gens aussi nombreux que discrets habitués à se faire tondre la laine sur le dos en silence et à voir disparaitre un à un leurs repères identitaires.
Car ce n'est pas la banlieue, les zones sensibles, qu'il faut craindre désormais, du moins que nos "élites" politiques doivent craindre, mais tous ces gens, tous ces Français qu'une pensée dominante, même si portée par une minorité, leur inculquant la honte d'être eux-mêmes, les héritiers de ces "Gaulois" aussi intolérants que malfaisants, a réduit au silence face à des mutations sociales qu'ils estiment indésirables parce qu'elles se heurtent à leur histoire, à leur mode de vie, à leur culture.
Quand à "insécurité", on répond par "adaptons les peines, évitons l'enfermement", ce peuple se sent trahi.
Quand à "insécurité culturelle" (concept pourtant porté par des penseurs de gauche comme Christophe Guilluy ou Laurent Bouvet) on réplique par "vivre ensemble", ce peuple dont je parle se sent trahi.
Quand à "racisme anti-blancs" on répond, au mieux "foutaises", au pire "réaction légitime de l'opprimé face à l'oppresseur", ce peuple se sent trahi.
Quand à "difficultés de vivre dans la France périurbaine" (ce qui est un non-choix, une fuite), on répond "les zones sensibles doivent être notre priorité, allez encore quelques milliards…", ce peuple se sent trahi.
Quand le président de la République envoie ses vœux aux musulmans de France (les considérant sans doute comme des invités alors que beaucoup sont français) à l'occasion de la fin du ramadan et oublie de l'envoyer aux chrétiens à noël ou à pâques, ce peuple, même s'il n'est pas constitué que de grenouilles de bénitiers, se sent trahi.
Je pourrais continuer cette litanie des choses qui font que ce peuple dont je parle et qui ne constitue pas une poignée d'individus, mais une majorité relative de Français, les ouvriers, les employés, les paysans, les petits cadres ou les cadres moyens, ceux qui travaillent ou en cherchent activement du travail, se sent de plus en plus mal dans cette France qui tend à ne devenir qu'une simple entité administrative, voire une province administrative de l'Europe selon certains.

Alors certes tous ces gens ne sont pas organisés et comme je le disais plus haut on les a habitués à avoir honte de leurs pensées ou au moins à ne pas les exprimer hors de certains cercles confidentiels, la famille, les amis, et encore! Mais il suffirait de pas grand-chose pour que cette masse se mobilise, et peut-être pas pour le meilleur.
Car ceux qui sont actuellement, dans leurs discours, le plus en phase avec leurs pensées, ceux qu'on appelle de manière indue et méprisante pour le peuple les populistes, de gauche ou de droite, peuvent se réjouir, même si on doit s'en méfier. Ils parlent au peuple, souvent avec talent, et ont les mains propres ou presque puisqu'ils n'ont jamais détenu le pouvoir. Et la voie qui est devant eux s'élargit.
C'est inquiétant. Et on ne s'en sortira pas par quelques annonces bidon balancées vite fait entre un conseil des ministres et un voyage à l'étranger faites par quelqu'un dont ça fait mal aux oreilles d'entendre dire "je ne savais pas, ni pour Cahuzac, ni pour mon trésorier de campagne et néanmoins ami". On attend autre chose de la part d'un chef, d'un vrai chef, un aveu de naïveté, feinte ou pas, ce n'est pas le problème. Mais la promesse d'un vrai chantier de rénovation de la démocratie. Rénovation et pas seulement nettoyage des écuries d'Augias. Pas seulement l'exigence d'honnêteté qu'on est en droit d'attendre de nos élus, mais aussi une vraie prise en compte de la volonté du peuple, et même si cette volonté parait rétrograde à nos progressistes.