"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

samedi 14 mars 2015

L'amour de la France selon Valls





Deux faits récents retiennent mon attention.
Le premier c’est la protestation de la France, suivie d’ailleurs de succès, face à un projet belge de frapper une pièce de 2 euros commémorant le bi-centenaire de la bataille de Waterloo. La seconde bataille de Waterloo gagnée par pépère, c’est pas beau ça ? Et surtout étonnant quand on connait la propension de ces gens à salir l’histoire de leur pays
Le second, et là on revient à la normale, est la réaction de notre énervé premier ministre au changement de nom d’une rue de Béziers, laquelle devient rue du Commandant-Hélie-de-Saint-Marc au lieu de rue du 19-mars-1962.
Pour les Français de fraiche date ou pas d’ailleurs, un peu ignorants de l‘histoire de leur pays qu’on ne leur enseigne plus guère, Waterloo c’est la dernière bataille menée par Napoléon et donc en quelque sorte celle qui consacre la fin de l’Empire et de la Révolution, le 19 mars 1962 c’est la date du cessez-le-feu en Algérie qui ne fut pas d’ailleurs respecté  par les ordures du FLN, et le commandant Hélie de Saint-Marc c’était le commandant par intérim du premier Régiment Etranger de Parachutistes qui rejoignit le putsch des généraux en 1961. Je complèterai sa biographie car si sa carrière militaire s’acheva là, elle ne fut pas que ça et l’homme mérite effectivement d’être honoré, n’en déplaise à notre premier ministre aux rapports plus qu’ambigus avec son pays et son histoire comme bien d’autres politiques et hélas, pas seulement de gauche.

La protestation contre l’émission d’une pièce de deux euros commémorant Waterloo ne peut évidemment que rencontrer mon assentiment. Non pas qu’il faille effacer le souvenir de cette bataille à l’issue d’ailleurs incertaine au cours de laquelle les soldats français ne manquèrent pas de courage. Les militaires des troupes de marines, anciennes troupes coloniales, et de la légion étrangère ne célèbrent-ils pas respectivement Bazeilles et Camerone ? Les défaites dans l’honneur méritent tout autant d’être célébrées que les victoires.
Sauf que celles-ci ne sont plus guères célébrées. Chirac et le gouvernement de Villepin se sont abstenus de célébrer le bicentenaire d’Austerlitz en 2005 mais ont par contre envoyé le Charles-de-Gaulle parader lors des commémorations anglaises de Trafalgar. Les célébrations du centenaire de la première guerre mondiale ont viré à une espèce de truc œcuménique où il n’y a plus ni vainqueurs, ni vaincus, mais juste des victimes. Les grandes dates fondatrices de notre histoire sont oubliées, jamais célébrées, et même planquées sous le tapis lorsqu’elles peuvent « heurter » nos hôtes. Ainsi Charles Martel ne mérite-t-il plus de figurer au panthéon de ces hommes qui ont fait la France et qui ont permis l’Europe d’échapper au destin misérable des territoires conquis par l’islam.
Non l’époque serait plutôt à la dénonciation des crimes commis par la France tout au long de son histoire, de sa très longue histoire. De Louis XIV il sera de bon ton de se souvenir du code noir plutôt que de la véritable naissance d’un Etat centralisé et des conquêtes territoriales qui ont repoussé nos frontières, de Napoléon du rétablissement de l’esclavage plutôt que de ses victoires, plutôt que du code portant son nom et toutes de ces institutions qui demeurent aujourd’hui, des 130 ans d’Algérie française de la conquête de Bugeaud et ses aléas, du fait colonial, plutôt que de la mise en valeur par les colons d’un pays qui n’existait pas et des apports dans tellement de domaines à une population indigène certes sous dépendance mais qui ne l’était pas moins avant l’arrivée des Français. Tout doit être noir, forcément noir et nos chefs de l’Etat successifs et leurs ministres n’ont plus comme rôle que de proclamer les torts passés de leur pays et de se repentir publiquement tandis que les parlementaires votent des lois consacrant ces torts en imposant leur inscription sans nuance dans l’histoire. Ça réjouit les « progressistes », ça fait vomir les patriotes. Mais le comble c’est que ce sont les premiers qui osent encore donner des leçons sur la bonne façon d’aimer la France. Les patriotes n’aiment pas la France, mais eux si.

Et c’est donc ainsi que Valls apprécie l’initiative de Ménard à Béziers : «la nostalgie de l'Algérie française n'apporte rien de bon. Le FN n'aime pas la France, c'est rance, c'est triste». Car aimer la France sans doute est-ce célébrer le 19 mars 1962, date d’infamie pas tant parce qu’elle consacre la fin d’un conflit pourtant gagné par nos armes, mais parce qu’elle représente une trahison vis-à-vis des Pieds Noirs et de ces Algériens, les Harkis et leurs familles, qui avaient choisi la France, s’étaient battus pour elle et se sont retrouvés livrés aux égorgeurs du FLN. Eh bien pour ma part je récuse cette façon d’aimer la France.
La nostalgie de ce que fut la France, de son empire, de sa grandeur n’est pas indigne, ne vous en déplaise monsieur le premier ministre socialiste, et elle n’est pas l’apanage du FN. Comme préférer à la trahison ceux qui tentèrent de s’y opposer, comme le commandant Hélie de Saint Marc. Qui êtes-vous pauvre minable pour déclarer qu’honorer cet homme qui a tant donné à son pays est rance ? Résistant, déporté, puis officier d’active ayant combattu pour la France, au nom de la France, en Indochine puis en Algérie, grand-croix de la légion d’honneur, ça ça ne mérite pas d’être célébré. Parce que c’est rance. Et ensuite vous allez vous targuer d’aimer la France. Mais quelle France ? Une France qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, avec un peuple à qui on veut apprendre que son histoire est nauséabonde, pour reprendre un épithète bien de gauche, avec un peuple à qui on demande de ne plus être lui-même pour que les autres puissent continuer à être eux-mêmes et, pourquoi pas, célébrer avec faste cette date du 19 mars. Mais ce peuple, vous ne lui ferez pas la peau si facilement que vous avez pu le penser, vous qui êtes devenu sans doute français par commodité administrative et pour satisfaire vos ambitions personnelles, pour vivre au crochet du contribuable depuis votre arrivée dans l’âge adulte. Parce que ce peuple il en a marre des gens comme vous, de ces parasites qui ont bradé la France et veulent lui interdire de se prétendre chez lui dans son pays.

Les Français, ceux qui aiment leur pays, préféreront toujours honorer Hélie de Saint Marc plutôt que de célébrer le 19 mars. Et ce n’est pas un premier ministre, forcément de passage, qui leur fera changer d’avis en leur délivrant ses pitoyables leçons d’amour de leur pays. Par contre la France version socialiste, déformée par le prisme de la repentance et de la haine de soi, celle-là ils ne risquent pas de l’aimer.

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