Au pays du vivre ensemble, vous savez ce pays qui se targue
d'être la patrie des droits de l'Homme, ces derniers figurant le dernier
concept susceptible de préserver une honorabilité à ce terme de patrie, bien
trop usité par les nauséabonds, donc au pays du vivre ensemble qui se croit
encore une vocation universaliste puisque le modèle qu'il propose est censé
apporter ces fraternité et sororité entre les hommes et femmes peuplant cette
planète, peu importe qu'ils se sentent d'ailleurs hommes ou femmes, peu
importent leurs croyances, peu importent leurs origines, peu importe leurs singularités,
en fait peu importe qu'ils soient des Hommes, on ne ménage pas ses efforts pour
que ça se passe bien.
Certes il y a des couacs comme on dit. C'est par exemple le
14 juillet quand le grand timonier se fait siffler et huer. Ça choque. Je veux
bien le croire. Même si ce n'est pas la première fois que ça se passe, je parle
d'expérience. Cela dit pour que ça ait engendré autant d'émotion, j'imagine ce
que ça a pu être. Mais au pays du vivre ensemble, on sait qu'il existe des
résistances au bonheur qu'on nous propose. Et elles sont clairement
identifiées. Ce sont les homophobes d'extrême-droite de la manif pour tous,
enfin la manif pour tous, tout court, qui sont la cause de ce désordre. Inutile
donc de s'affoler : ceux-là domptés, et on s'y emploie, les choses rentreront
dans l'ordre, juste bien entendu. Car il est évident que les autres Français
ont toutes les raisons de se satisfaire de ce gouvernement et des avancées,
sociétales on dit, qu'il nous propose, et aussi du reste, et n'en ont donc
aucune de manifester leur mécontentement à notre guide de fortune.
Mais de toute façon on sait que la marche inéluctable pour
le progrès n'est pas un chemin semé de pétales de roses. Le vivre ensemble est un apprentissage difficile fait de concessions
unilatérales et de mensonges.
Comment pourrait-il en être autrement quand déjà certains
individus ont du mal à vivre avec eux-mêmes? Généralement ils en subissent
seuls les conséquences même si des effets collatéraux peuvent exister. Mais dès
qu'on dépasse l'unité, ça se complique. La cellule familiale en est une
parfaite illustration, parfois publique. Même notre guide suprême ne put éviter
certains écueils. Et plus récemment ce fut à la famille Cantat-Duflot de nous
le démontrer par le biais des ravages du tweet, cet outil de communication incomparable
qui nous prouve qu'un nombre de caractère limité ne constitue pas une limite à l'expression
de la connerie. Faut dire que chez eux ça doit être folklo, l'entente cordiale donnant
des résultats assez étonnants, notamment pour les enfants qu'on prénomme
n'importe comment. Térébenthine est le prénom de la petite dernière. Du coup
j'ai décidé de prénommer ma prochaine fille Trinitrotoluène, en espérant
qu'elle devienne assez bombasse pour s'ouvrir des opportunités dans la téléréalité.
Il faut savoir sacrifier au progrès.
Mais là je m'égare. Revenons au vivre ensemble.
Certains en ont une conception particulière qu'on pourrait
résumer à vivre chez toi, mais sans toi. C'est vrai que ça évite les conflits
potentiels. C'est par exemple l'histoire de cette bordelaise octogénaire ayant
eu la bonne idée de se retirer chez son fils le temps d'une convalescence de
quelques mois et privée de l'accès à son domicile à son retour, celui-ci étant
occupé par deux familles bulgares logées généreusement par le DAL. Ça aurait pu
mieux se passer si la mémé assez peu compréhensive, séquelle d'une éducation
déjà ancienne sans doute, avait laissé ses clés sous le paillasson, ce qui
aurait évité d'avoir à forcer les serrures et à les remplacer, car tout ça ça
coûte, et si elle avait laissé le frigo plein. En compensation, elle paiera
donc le gaz et l'électricité et les dégâts qu'aurait pu occasionner cette
occupation des lieux. Et tout rentrera dans l'ordre. Concessions unilatérales
je disais plus haut. Heureusement que nous avons des associations malgré
par nous subventionnées quand même pour organiser tout ça. Voilà des impôts
utilisés intelligemment. Dommage qu'il
n'en existe pas pour changer les draps de la pauvre généreuse mémé. Bien
que cela remettrait en cause le côté unilatéral des concessions. Et puis la
mémé, elle a 900€ par mois de retraite pour vivre, alors qu'elle ne commence
pas à nous embêter, la nantie. C'est vrai quoi! Il ne faut pas oublier que les
droits des uns ne peuvent s'exercer sans que les devoirs des autres soient
accomplis. Certains voudraient rompre
cet équilibre. Mais la patrouille veille, comme dirait l'autre.
Plus haut je parlais de mensonge pour permettre le
développement du vivre ensemble. Il faut prendre ce terme dans un sens
extensif. Ça peut-être dissimuler la vérité, l'atténuer ou la falsifier. Je vais
tenter de démontrer ça par un triste et récent exemple: le drame de Brétigny.
Cela aurait pu se résumer à un triste accident, avec des
victimes. Un de ces accidents qui concentrent pour quelques heures ou quelques
jours la compassion de tout un pays. Enfin dans l'idéal. Parce qu'il semblerait
que ça ne se soit passé comme cela.
Selon les uns, des jeunes, la jeunesse étant sans doute
devenue une maladie, à moins que la maladie réside dans l'impossibilité de
nommer… au nom du vivre ensemble, donc des jeunes auraient commencé à
détrousser cadavres et blessés tandis que d'autres caillassaient les secours.
Foin de tout cela selon d'autres. Certes des actes isolés auraient eu lieu avec
comme seul fait notable le vol du portable d'un secouriste, lequel vol, chose
sans doute unique dans les annales, mais signe que nous sommes désormais bien
protégés, aurait conduit à l'interpellation de 4 individus s'étant sans doute
partagé la batterie, la carte sim et le téléphone lui-même (ce que fit le
quatrième n'est pas dit dans l'histoire). Toutefois rassurons-nous, ces 4
jeunes sont désormais en liberté, aucune charge sérieuse ne pouvant être
retenue contre eux. Ouf! On a eu peur d'une erreur judiciaire!
Quant au caillassage, cela est faux. C'est même un ministre
qui le dit, celui des transports dont cette occasion aura à la fois permis de
savoir que ce gouvernement en était doté d'un et de connaitre son nom. Bien
sûr, lui-même reconnait que des pompiers ont été accueillis de façon un peu
rude. Sans doute par des grognements puisqu'il n'y a pas eu caillassage. Certes
aussi des renforts en CRS ont été déployés, mais sans doute dans le cadre d'un
exercice programmé et qu'il était inutile de déprogrammer puisque cela ne
nuisait pas aux secours.
Enfin le truc qui est
gênant dans tout ça, c'est que certains mentent. De cela on est sûr. Sans doute
ceux qui parlent de détroussage et de caillassage. La preuve en est que des
sites identitaires ont repris cette information. A moins qu'au nom du vivre
ensemble… Le problème, c'est que désormais, faute de pouvoir connaitre la
vérité, chacun pourra en affronter un autre à partir de la version qu'il
privilégie. Et d'aucun pourra penser qu'au pays du vivre ensemble, la vérité
peut-être déclassée, faute de pouvoir faire mieux, en doute.
Et puis il y a désormais la question des causes de la
catastrophe. La vitesse à laquelle la thèse du sabotage ou de l'acte de
malveillance a été écartée au sommet de l'Etat, d'abord par le ministre de
l'Intérieur, juste après l'accident, et par le président de la République lors
de son allocution du 14 juillet, est stupéfiante. De mon côté, après avoir vu
un schéma bien fait montrant le cheminement d'une éclisse accrochée à des rails
et qui après avoir perdu ses 4 boulons de fixation a réussi à passer de
l'extérieur à l'intérieur des rails se moquant leur évasement dans leur partie
haute, je suis resté assez perplexe. Certes je n'ai pas fait l'ENA. Mais quand
de vieux cheminots et même de moins vieux s'étonnent aussi du fait, je ne parviens
pas à dissiper le doute qui s'est logé dans ma tête. Mais il semblerait que
l'hypothèse de la malveillance ne sera même pas envisagée. Nous sommes au pays
du vivre ensemble et nous laisser penser que certains auraient repris à leur
compte les traditions et pratiques des naufrageurs des temps anciens n'est pas
envisageable.
Et bien du coup c'est pire que tout. On ne donnera jamais
autant de crédit à un scénario qu'en refusant de l'étudier tandis qu'il parait tout
à fait plausible. Mais peut-être qu'en l'occurrence on ne peut pas faire mieux
que ça.
Au pays du vivre ensemble la vérité
n'a plus droit de cité et ne doit donc surtout pas être affrontée. Au pays du
vivre ensemble les victimes éternelles ne peuvent devenir des délinquants et
des criminels sinon à l'insu de leur plein gré, donc à cause des autres, leurs
victimes quoi!. Au pays du vivre ensemble pour survivre, il vaut mieux vivre séparément.
Et investir dans les portes anti effraction. En Ile-de-France, région prospère
qui illustre bien de par sa composition démographique ce que pourrait être le
pays du vivre ensemble achevé, 46,9% des habitants ont subi au moins une fois une agression, un vol ou une
tentative de vol, ou une atteinte à leurs biens en 2012. On progresse, comme ce
pourcentage.
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