Ces derniers temps, la fatigue peut-être, une certaine lassitude sans doute, mais aussi diverses occupations essentiellement liées à une prochaine migration familiale pour la période estivale, à savoir une mise au vert pour quelques semaines, loin de la ville, loin du bruit, loin de la pollution, m'ont éloigné de ce blog. Quelques commentaires postés ici où là, en fait chez pas grand monde, ont suffi à mes activités de blogueur et m'ont permis de rattraper aussi un peu de courrier en retard.
Ceci ne m'a pas empêché de suivre l'actualité, chose dont j'ai du mal à me passer. L'an dernier pendant le même séjour dans notre petite datcha m'avait privé de cela du fait d'une liaison internet calamiteuse, et ça m'avait manqué. Cette année je crois que j'ai trouvé le bon fournisseur pour une liaison 3G qui ne sera pas extraordinaire, j'ai testé, mais sans doute suffisante pour l'essentiel dès lors que je ne m'obstinerai pas à vouloir télécharger une vidéo. Avec un peu de chance je pourrai même peut-être écrire quelques petites choses, si j'en ai le temps, si j'en ai envie. Ou même davantage car je ne me fixe pas d'objectifs en la matière, l'envie devant dominer dans le cadre de cette activité. Du moins c'est ce que je pense en ce qui me concerne.
Donc comme je le disais juste au-dessus mon relatif éloignement de la blogosphère ne s'est pas traduit par un retrait vis-à-vis de l'actualité et puisque j'ai les doigts sur le clavier, souvent deux seulement et ce depuis le début, il y aura bientôt 20 ans – je reste béat d'admiration devant ceux dont je vois les doigts gigoter sur les touches-, je vais en profiter pour donner quelques brefs commentaires sur les dernières choses qui m'ont marqué l'esprit.
Tout d'abord le G20 et Rio+20. Pas grand-chose à dire. Ces grand-messes permettent aux gouvernants supposés les plus puissants de la planète de confirmer ce statut vis-à-vis de leurs opinions publiques. Mais vu ce qu'il sort de ces réunions on peut se demander si ce n'est pas à un grand numéro d'illusionnistes auquel nous assistons derrière nos petites lucarnes. Enfin, et c'est quand même ça qui compte, notre président Normal était satisfait car le terme de croissance fut prononcé plusieurs fois. Il s'y habituera et comprendra qu'à chaque fois c'est la même chose et que ce n'est pas son élection qui a modifié les choses. Mais pardonnons-lui : ce n'est pas au conseil général de Tulle qu'il pouvait souvent entendre ou prononcer ce mot, celui de dette par contre… Laissons-le donc découvrir le monde et pensons la prochaine fois à élire un homme ou une femme expérimenté de manière à éviter ces manifestations d'auto-satisfaction béates qui ne manquent pas de produire des quolibets.
Je ne sais pas si c'était volontaire ou pas, mais sur la photo officielle Normal 1er était dans la position opposée à celle de Vladimir Poutine. Serait-ce la guerre après sa mauvaise tenue lors de la récente visite de ce dernier? J'espère que non. Le prochain G20 devant se dérouler à Saint-Pétersbourg en septembre 2013, ce serait dommage qu'il lui arrive des ennuis. Tiens, s'il prend le temps de venir dire un mot à la petite communauté française locale (300 environ contre 5000 Allemands –cherchez l'erreur!), j'aurai peut-être l'occasion de le toucher. 14 mois de cauchemars en perspective!
Quant à l'écologie, on se rend évidemment compte que c'est un luxe auquel on put s'intéresser quand tout le reste fonctionne normalement. En ce sens le sommet de Rio aura produit en volume davantage de carbone que les réductions d'émissions qui auraient pu être escomptées suite aux décisions qui auraient pu être prises à cette occasion.
Et tiens, puisque je suis dans le registre de l'écologie, on peut se rendre compte à quel point c'est une priorité dans le nouveau gouvernement Hollande. Tandis que pendant le quinquennat de Sarkozy le ministre qui s'occupait de la chose occupait une place protocolaire de choix, on vient de confier ce ministère à une petite jeunette qui supportait mal la tutelle de notre ministre de la justice, ce qu'on peut comprendre. Enfin qu'elle ne 'entende pas avec elle, pas qu'on la recase comme ministre de l'écologie, domaine qui n'est pas particulièrement dans ses compétences puisque c'est la sécurité qui a fait l'objet d'approfondissements de sa part. Mais en fait ça tombait bien, car il fallait se débarrasser d'une ministre gênante dans la mesure où elle voulait faire de l'écologie et avait déjà commencé à frapper fort en voulant suspendre les forages exploratoires au large de la Guyane, chère au cœur de notre ministre de la justice d'ailleurs. Donc l'écologie pas trop, surtout quand les caisses de l'Etat sont vides et qu'une manne inattendue pourrait contribuer à en remplir le fond. Je ne critiquerai pas. Mais je remarquerai quand même que les écolos de gouvernement, donc essentiellement Duflot, celle qui avait déclaré haut et fort dans les médias qu'aucun accord ne serait signé avec le PS sans renoncement au nucléaire, s'accommodent bien de cette situation. D'ailleurs pour Duflot le commerce extérieur constitue une promotion pour un ministre de l'écologie déchu de ses fonctions. C'est dire à quel point les convictions de certains sont profondes! Ce que n'a pas manqué de remarquer notre vieux Dany qui a au moins ce mérite de ne pas avoir la langue dans sa poche.
Quant au gouvernement dans son ensemble après ce premier remaniement, on ne pourra que constater son volume. 38 ministres! Et évidemment tout ce qui va autour, cabinets, fonctionnaires, locaux, frais de fonctionnement et tout le reste. Il va falloir envisager une nouvelle réduction des salaires des ministres, et une plus que sérieuse, pour en revenir au coût du dernier gouvernement Fillon. Mais ils sont comme ça au PS. Toujours cette volonté de faire plaisir et de récompenser les loyaux sujets, toujours ce souci d'équilibrage entre les différents courants du parti, entre les alliés. En fait il faudrait beaucoup plus de ministères pour que certains ne se sentent pas maltraités. Vite un nouveau remaniement! Les possibilités sont multiples de créer d'autres ministères. Par exemple, puisque nous avons un ministère des droits de la femme dont l'intitulé laisse supposer qu'ils ne sont pas les mêmes que ceux des hommes, créons en un, tiens, pour les droits des hommes, et aussi pour les droits des homosexuels et aussi des homosexuelles, et puis des noirs, et des arabes, et des asiatiques et puis aussi des autres qui ne rentrent pas dans ses catégories. Cessons donc de discriminer!
Comme j'évoquais le ministère des droits de la femme dont la tenancière s'est trouvée tellement vite submergée de boulot qu'elle a préféré renoncer à une élection de députée à Lyon pour être sûre de faire tous ses devoirs, je ne peux pas passer sous silence la volonté affirmée par la ministre en question d'en finir avec la prostitution. Un vieux sujet qui revient régulièrement, bien qu'il n'y a pas si longtemps de cela certains se demandaient si, au contraire, il ne faudrait pas légaliser la chose.
Mais puisqu'on est sur l'interdiction, concentrons-nous un peu là-dessus. Ce qui me gêne personnellement c'est que je n'ai pas saisi les attendus. Est-ce une mesure morale inspirée d'un néo-puritanisme qui, parait-il, est consubstantiel aux périodes de crise prolongées? Est-ce la volonté de lutter contre les trafiquants de chair humaine, du moins ceux qui considèrent l'être humain comme une marchandise? Est-ce une volonté de lutter contre les MST et plus particulièrement le SIDA?
Dans toutes ces hypothèses, l'interdiction ne me parait guère une solution. J'évacue tout de suite l'aspect moral qui me parait là complètement déplacé dès lors qu'il s'agit de régir les comportements sexuels entre personnes consentantes, même s'il s'agit de prestations tarifées. J'insiste évidemment sur le terme de consentant dans la mesure où je pense que pour un grand nombre de prostitué(e)s c'est davantage un choix qu'une fatalité. Il y a certes les occasionnelles, les étudiantes en particulier qui veulent financer leurs études. Mais là aussi on peut considérer comme un choix le fait de vouloir gagner en quelques passes ce qu'on gagnerait en un mois en bossant chez Mc do ou autres officines, refuges traditionnels d'étudiants en quête d'argent.
S'agissant de la lutte contre les maffias vivant de ce trafic, j'aurais tendance à penser que l'interdiction ne pourrait que les renforcer. Toute prohibition est de nature à développer les trafics.
Plus largement une telle mesure ne ferait que fragiliser les prostituées en les isolant, en les éloignant des services qui, le cas échéant, pourraient être amenés à leur venir en aide. Par ailleurs les conditions sanitaires seraient sans doute dégradées dès lors que les lieux de prostitution seraient davantage nomades.
Mais peut-être faudrait-il demander l'avis aux prostitué(e)s qui préféreraient peut-être avoir droit aux vitrines des eros center allemands ou hollandais et gagner ainsi en sécurité et en hygiène?
En tout cas interdire me parait ne pouvoir avoir qu'une portée limitée sur la prostitution en termes de volume. Sans doute serait-elle moins visible, mais avec de dommageables conséquences.
Pour en finir, parlons un peu Europe à l'orée du sommet de la dernière chance. Encore un!
La France et l'Allemagne vont devoir s'entendre. En fait Normal 1er va devoir admettre que ses promesses de campagne ne seront pas tenues. Le traité de stabilité ne sera pas modifié, il n'y aura pas d'euro-obligations, du moins dans l'immédiat. Pour lui faire plaisir on va pondre un pacte de croissance auquel ses apports auront été ridiculement faibles dans la mesure où la commission a de longue date préparé le travail, bien avant son élection. Quant aux 120 milliards d'investissement qu'il réclame pour l'Europe, chacun pourra constater la faiblesse de la somme et donc des ambitions de Normal qui aura dû en rabattre.
Mais maintenant il va falloir quand même avancer. Davantage d'intégration politique pour que les Allemands consentent à desserrer les cordons de la bourse ou un geste de solidarité de la part de l'Allemagne avant ce processus. Les deux positions vont s'affronter. Mais on en devine déjà l'issue compte tenu des rapports de force. Même le SPD n'aura pas succombé aux sirènes de Normal 1er, celui-ci restant sur des positions assez proches de Merkel finalement. L'effet Hollande sur le continent européen n'aura pas lieu. Et c'est tant mieux. Il n'y aura pas d'état de grâce. D'autant plus que les smicards avec ce fabuleux coup de pouce de 0,6%, hors inflation, soit environ 6 euros mensuels, seront sans doute assez ingrats pour ne pas être reconnaissants de la manne qui s'abat sur eux.