"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 26 juin 2012

De choses et d'autres


Ces derniers temps, la fatigue peut-être, une certaine lassitude sans doute, mais aussi diverses occupations essentiellement liées à une prochaine migration familiale pour la période estivale, à savoir une mise au vert pour quelques semaines, loin de la ville, loin du bruit, loin de la pollution, m'ont éloigné de ce blog. Quelques commentaires postés ici où là, en fait chez pas grand monde, ont suffi à mes activités de blogueur et m'ont permis de rattraper aussi un peu de courrier en retard.
Ceci ne m'a pas empêché de suivre l'actualité, chose dont j'ai du mal à me passer. L'an dernier pendant le même séjour dans notre petite datcha m'avait privé de cela du fait d'une liaison internet calamiteuse, et ça m'avait manqué. Cette année je crois que j'ai trouvé le bon fournisseur pour une liaison 3G qui ne sera pas extraordinaire, j'ai testé, mais sans doute suffisante pour l'essentiel dès lors que je ne m'obstinerai pas à vouloir télécharger une vidéo. Avec un peu de chance je pourrai même peut-être écrire quelques petites choses, si j'en ai le temps, si j'en ai envie. Ou même davantage car je ne me fixe pas d'objectifs en la matière, l'envie devant dominer dans le cadre de cette activité. Du moins c'est ce que je pense en ce qui me concerne.

Donc comme je le disais juste au-dessus mon relatif éloignement de la blogosphère ne s'est pas traduit par un retrait vis-à-vis de l'actualité et puisque j'ai les doigts sur le clavier, souvent deux seulement et ce depuis le début, il y aura bientôt 20 ans – je reste béat d'admiration devant ceux dont je vois les doigts gigoter sur les touches-, je vais en profiter pour donner quelques brefs commentaires sur les dernières choses qui m'ont marqué l'esprit.

Tout d'abord le G20 et Rio+20. Pas grand-chose à dire. Ces grand-messes permettent aux gouvernants supposés les plus puissants de la planète de confirmer ce statut vis-à-vis de leurs opinions publiques. Mais vu ce qu'il sort de ces réunions on peut se demander si ce n'est pas à un grand numéro d'illusionnistes auquel nous assistons derrière nos petites lucarnes. Enfin, et c'est quand même ça qui compte, notre président Normal était satisfait car le terme de croissance fut prononcé plusieurs fois. Il s'y habituera et comprendra qu'à chaque fois c'est la même chose et que ce n'est pas son élection qui a modifié les choses. Mais pardonnons-lui : ce n'est pas au conseil général de Tulle qu'il pouvait souvent entendre ou prononcer ce mot, celui de dette par contre… Laissons-le donc découvrir le monde et pensons la prochaine fois à élire un homme ou une femme expérimenté de manière à éviter ces manifestations d'auto-satisfaction béates qui ne manquent pas de produire des quolibets.
Je ne sais pas si c'était volontaire ou pas, mais sur la photo officielle Normal 1er était dans la position opposée à celle de Vladimir Poutine. Serait-ce la guerre après sa mauvaise tenue lors de la récente visite de ce dernier? J'espère que non. Le prochain G20 devant se dérouler à Saint-Pétersbourg en septembre 2013, ce serait dommage qu'il lui arrive des ennuis. Tiens, s'il prend le temps de venir dire un mot à la petite communauté française locale (300 environ contre 5000 Allemands –cherchez l'erreur!), j'aurai peut-être l'occasion de le toucher. 14 mois de cauchemars en perspective!
Quant à l'écologie, on se rend évidemment compte que c'est un luxe auquel on put s'intéresser quand tout le reste fonctionne normalement. En ce sens le sommet de Rio aura produit en volume davantage de carbone que les réductions d'émissions qui auraient pu être escomptées suite aux décisions qui auraient pu être prises à cette occasion.

Et tiens, puisque je suis dans le registre de l'écologie, on peut se rendre compte à quel point c'est une priorité dans le nouveau gouvernement Hollande. Tandis que pendant le quinquennat de Sarkozy le ministre qui s'occupait de la chose occupait une place protocolaire de choix, on vient de confier ce ministère à une petite jeunette qui supportait mal la tutelle de notre ministre de la justice, ce qu'on peut comprendre. Enfin qu'elle ne 'entende pas avec elle, pas qu'on la recase comme ministre de l'écologie, domaine qui n'est pas particulièrement dans ses compétences puisque c'est la sécurité qui a fait l'objet d'approfondissements de sa part. Mais en fait ça tombait bien, car il fallait se débarrasser d'une ministre gênante dans la mesure où elle voulait faire de l'écologie et avait déjà commencé à frapper fort en voulant suspendre les forages exploratoires au large de la Guyane, chère au cœur de notre ministre de la justice d'ailleurs. Donc l'écologie pas trop, surtout quand les caisses de l'Etat sont vides et qu'une manne inattendue pourrait contribuer à en remplir le fond. Je ne critiquerai pas. Mais je remarquerai quand même que les écolos de gouvernement, donc essentiellement Duflot, celle qui avait déclaré haut et fort dans les médias qu'aucun accord ne serait signé avec le PS sans renoncement au nucléaire, s'accommodent bien de cette situation. D'ailleurs pour Duflot le commerce extérieur constitue une promotion pour un ministre de l'écologie déchu de ses fonctions. C'est dire à quel point les convictions de certains sont profondes! Ce que n'a pas manqué de remarquer notre vieux Dany qui a au moins ce mérite de ne pas avoir la langue dans sa poche.
Quant au gouvernement dans son ensemble après ce premier remaniement, on ne pourra que constater son volume. 38 ministres! Et évidemment tout ce qui va autour, cabinets, fonctionnaires, locaux, frais de fonctionnement et tout le reste. Il va falloir envisager une nouvelle réduction des salaires des ministres, et une plus que sérieuse, pour en revenir au coût du dernier gouvernement Fillon. Mais ils sont comme ça au PS. Toujours cette volonté de faire plaisir et de récompenser les loyaux sujets, toujours ce souci d'équilibrage entre les différents courants du parti, entre les alliés. En fait il faudrait beaucoup plus de ministères pour que certains ne se sentent pas maltraités. Vite un nouveau remaniement! Les possibilités sont multiples de créer d'autres ministères. Par exemple, puisque nous avons un ministère des droits de la femme dont l'intitulé laisse supposer qu'ils ne sont pas les mêmes que ceux des hommes, créons en un, tiens, pour les droits des hommes, et aussi pour les droits des homosexuels et aussi des homosexuelles, et puis des noirs, et des arabes, et des asiatiques et puis aussi des autres qui ne rentrent pas dans ses catégories. Cessons donc de discriminer!

Comme j'évoquais le ministère des droits de la femme dont la tenancière s'est trouvée tellement vite submergée de boulot qu'elle a préféré renoncer à une élection de députée à Lyon pour être sûre de faire tous ses devoirs, je ne peux pas passer sous silence la volonté affirmée par la ministre en question d'en finir avec la prostitution. Un vieux sujet qui revient régulièrement, bien qu'il n'y a pas si longtemps de cela certains se demandaient si, au contraire, il ne faudrait pas légaliser la chose.
Mais puisqu'on est sur l'interdiction, concentrons-nous un peu là-dessus. Ce qui me gêne personnellement c'est que je n'ai pas saisi les attendus. Est-ce une mesure morale inspirée d'un néo-puritanisme qui, parait-il, est consubstantiel aux périodes de crise prolongées? Est-ce la volonté de lutter contre les trafiquants de chair humaine, du moins ceux qui considèrent l'être humain comme une marchandise? Est-ce une volonté de lutter contre les MST et plus particulièrement le SIDA?
Dans toutes ces hypothèses, l'interdiction ne me parait guère une solution. J'évacue tout de suite l'aspect moral qui me parait là complètement déplacé dès lors qu'il s'agit de régir les comportements sexuels entre personnes consentantes, même s'il s'agit de prestations tarifées. J'insiste évidemment sur le terme de consentant dans la mesure où je pense que pour un grand nombre de prostitué(e)s c'est davantage un choix qu'une fatalité. Il y a certes les occasionnelles, les étudiantes en particulier qui veulent financer leurs études. Mais là aussi on peut considérer comme un choix le fait de vouloir gagner en quelques passes ce qu'on gagnerait en un mois en bossant chez Mc do ou autres officines, refuges traditionnels d'étudiants en quête d'argent.
S'agissant de la lutte contre les maffias vivant de ce trafic, j'aurais tendance à penser que l'interdiction ne pourrait que les renforcer. Toute prohibition est de nature à développer les trafics.
Plus largement une telle mesure ne ferait que fragiliser les prostituées en les isolant, en les éloignant des services qui, le cas échéant, pourraient être amenés à leur venir en aide. Par ailleurs les conditions sanitaires seraient sans doute dégradées dès lors que les lieux de prostitution seraient davantage nomades.
Mais peut-être faudrait-il demander l'avis aux prostitué(e)s qui préféreraient peut-être avoir droit aux vitrines des eros center allemands ou hollandais et gagner ainsi en sécurité et en hygiène?
En tout cas interdire me parait ne pouvoir avoir qu'une portée limitée sur la prostitution en termes de volume. Sans doute serait-elle moins visible, mais avec de dommageables conséquences.

Pour en finir, parlons un peu Europe à l'orée du sommet de la dernière chance. Encore un!
La France et l'Allemagne vont devoir s'entendre. En fait Normal 1er va devoir admettre que ses promesses de campagne ne seront pas tenues. Le traité de stabilité ne sera pas modifié, il n'y aura pas d'euro-obligations, du moins dans l'immédiat. Pour lui faire plaisir on va pondre un pacte de croissance auquel ses apports auront été ridiculement faibles dans la mesure où la commission a de longue date préparé le travail, bien avant son élection. Quant aux 120 milliards d'investissement qu'il réclame pour l'Europe, chacun pourra constater la faiblesse de la somme et donc des ambitions de Normal qui aura dû en rabattre.
Mais maintenant il va falloir quand même avancer. Davantage d'intégration politique pour que les Allemands consentent à desserrer les cordons de la bourse ou un geste de solidarité de la part de l'Allemagne avant ce processus. Les deux positions vont s'affronter. Mais on en devine déjà l'issue compte tenu des rapports de force. Même le SPD n'aura pas succombé aux sirènes de Normal 1er, celui-ci restant sur des positions assez proches de Merkel finalement. L'effet Hollande sur le continent européen n'aura pas lieu. Et c'est tant mieux. Il n'y aura pas d'état de grâce. D'autant plus que les smicards avec ce fabuleux coup de pouce de 0,6%, hors inflation, soit environ 6 euros mensuels, seront sans doute assez ingrats pour ne pas être reconnaissants de la manne qui s'abat sur eux.

lundi 18 juin 2012

Réflexions postélectorales



Nous voilà enfin débarrassés des élections qui auront plongé la France, qui d'ailleurs ne demandait que ça, un peu plus dans le déni de réalité et l'auront soustrait à un gouvernement depuis environ trois mois, mais dans les faits sans doute bien davantage, ce qui au passage pourrait nous suggérer que nous pourrions aisément nous passer de toute cette clique d'hommes et de femmes politiques qui apparemment ne sert pas à grand-chose. La Belgique qui ne fut pas gouvernée pendant très longtemps nous l'avait déjà prouvé; on aurait pu croire naïvement que c'est parce que c'est un petit pays, mais la France vient de prouver le contraire. Ce qui, je tiens tout de même à éviter certains malentendus, ne signifie pas que les politiques ne servent à rien, mais que ceux que nous avons, du moins ceux qui sont en situation de pouvoir, ont renoncé à faire de la politique et à vraiment gouverner. L'emploi de plus en plus fréquent du terme "gouvernance" au lieu de "gouvernement" et qu'on pourrait traduire par "gestion" en est un des symptômes les plus visibles.
Quant au déni de réalité que j'évoquais, qui se divise en une volonté de ne pas vouloir prendre conscience de la gravité de notre situation particulière, et aussi dans ce refus conscient ou inconscient de devoir se serrer la ceinture, et pas seulement les riches, le second terme impliquant certainement le premier d'ailleurs, il est particulièrement observé par nos partenaires européens et même mondiaux qui commencent à penser que les Français s'imaginent vivre sur une autre planète ou sont victimes d'une hallucination collective avant même que soit dépénalisée la consommation de cannabis. Les premières mesures du gouvernement Ayrault, dites de justice, mais sans doute davantage électoralistes, n'ont pas manqué de surprendre des partenaires européens quelque peu éberlués. On pourra d'ailleurs se féliciter de la proximité dans le temps entre les présidentielles et les législatives car imaginez ce que ça aurait été si les législatives s'étaient déroulées en fin d'année par exemple. Ce fameux déni de réalité aura coûté cher à Bayrou à la présidentielle, la déculottée qu'il s'est prise aux législatives devant être située sur un autre plan, puisque c'est à peu près le seul qui a eu le courage de poser un vrai diagnostic de notre situation.

Donc maintenant c'est fini. Les socialistes ont tous les pouvoirs, exécutif, législatif, judiciaire, médiatique, et donc désormais forts de cette puissance monopolistique ils vont peut-être, eh oui peut-être seulement, descendre de leur nuage et enfin parler un langage de vérité, donc décevoir leur électorat. Certes, ils ne manqueront pas de dire que la situation est bien pire que ce qu'ils pouvaient imaginer, tentant grâce à la complicité des médias de nous faire oublier qu'avec un socialiste à la tête de la Cour des Comptes et un autre à la présidence de la commission des finances des l'Assemblée Nationale ils devaient pourtant être bien renseignés, et que donc ils devront différer certaines de leurs promesses qu'ils ne manqueront pas de tenir quand la situation se sera redressée, c'est-à-dire jamais ou quelques mois avant les prochaines échéances électorales nationales. Que les homosexuels se rassurent, la légalisation de leur mariage ne coûtant rien mais pouvant être électoralement payante si l'on en croit Terra Nova, ils seront satisfaits. Reste que nos nouveaux dirigeants devront ou devraient nous faire avaler quelques pilules bien amères, sauf à vouloir rester dans ce déni de réalité qui a caractérisé leurs campagnes électorales, mais ils ne sont pas les seuls, loin de là, jusqu'à ce qu'un beau matin nous nous réveillons non pas en sortant d'un cauchemar, mais en y entrant. Auront-ils le courage de le faire? Là est toute la question. Donc ne les accablons pas a priori, sauf sur les quelques mesures déjà prises, et attendons un peu avant de leur taper sur la tête.

 
Comme on a déjà beaucoup parlé des présidentielles, comme on a déjà beaucoup tenté d'expliquer pourquoi un personnage considéré par même ses amis politiques comme falot avait pu accéder à la tête de l'Etat, je ne reviendrai pas sur cette élection sauf pour dire qu'elle augurait évidemment, vu le calendrier, des résultats des législatives qui viennent de s'achever et sur lesquelles je souhaiterais davantage m'étendre.

On remarquera tout d'abord le très fort taux d'abstention, le plus élevé, je crois, à des élections de ce type sous la 5ème République. Certes le calendrier y est sans doute pour quelque chose, de même qu'un mois de juin peut-être ensoleillé, j'avoue que pour la France je ne me suis pas renseigné, et encourageant peut-être donc davantage au barbecue entre amis et à la campagne qu'à faire la queue au bureau de vote. Mais peut-être aussi peut-on imaginer que mon constat initial portant dur l'apparente inutilité de notre classe politique y est pour quelque chose. Un président comme bouc-émissaire, ça suffit! Ainsi que ses ministres.
Du coup subsistera la tentation de mettre en doute la légitimité des députés qui se traduira dans les esprits par une marginalisation, par la représentation d'un groupe d'individus qui sont davantage là pour eux que pour la France ou le peuple et dont les avantages scandaleux conforteront cette opinion. Ça n'est jamais très bon pour la démocratie. A ce propos que penser des 11 députés représentant les Français de l'Etranger dont le mieux élu a obtenu en voix 13,49% des inscrits et le plus mal élu, si j'ose employer ce terme, 6,93%? Pourtant ceux-là vous coûter très cher à la collectivité.

Les résultats, vu dans leur globalité, n'ont rien de surprenant. La gauche l'emporte largement, de la même manière que la droite l'avait emporté en 2007. A quelques sièges près, il y a une parfaite inversion.
Par contre si on entre dans les détails, on peut faire quelques constats.

Le premier est évidemment la représentation des partis à l'Assemblée qui est complètement décorrélée des résultats obtenus en voix au premier tour. C'est certes le principe voulu par le fondateur de la 5ème République qui voulait sortir de ces magouilles partisanes à la Chambre qui généraient une forte instabilité gouvernementale. Le but est évidemment atteint. Maintenant, les "amoureux" de la démocratie, contrairement aux pragmatiques, n'y retrouveront pas leur compte. C'est aussi d'ailleurs une possible raison de l'abstention : pourquoi se déplacer alors qu'on est sûr que le parti pour lequel on a envie de voter ne sera pas représenté? Pour ma part, étant donné le nombre de partis, étant donné ce goût français pour la chicane, étant donné que les intérêts particuliers et l'opportunisme semblent bien souvent dépasser l'intérêt général, étant donné que dans une coalition le minoritaire et même l'ultra-minoritaire, en fonction des circonstances, peut imposer sa loi, je suis tenté de trouver le système actuel satisfaisant. Le corriger par une dose de proportionnelle me parait absurde car le risque est grand tout en ayant toujours ce défaut, même atténué, de représentativité qui caractérise le système actuel d'avoir les inconvénients d'un système purement proportionnel dès lors qu'un seul parti n'emporte pas la majorité. Donc je pense qu'on doit, soit conserver le système actuel, soit passer à une proportionnelle intégrale. Reste que le 3ème parti de France, le FN, n'a que 2 représentants, tandis que les verts arrivés très loin derrière, en ont 17 et obtiennent donc un groupe parlementaire et voient s'éloigner le risque très élevé qui les attendait de faillite financière, l'idéologique étant consommée depuis longtemps. Et ça peut, sinon choquer, au moins étonner.

Ce qui m'amène à un second constat. On peut remarquer à l'aune du double résultat des verts, en vois et en sièges, que les institutions de la République sont à l'occasion contournées par les partis. De Gaulle voulait limiter des basses tractations à la Chambre. Eh bien soit! On les fera avant. Je ne dis pas que c'est une nouveauté, mais dans le cas cité ici, on peut dire que l'illustration de ce genre de pratique est exemplaire. Voilà un parti qui aurait pu compter en gros sur 3 députés et qui en obtient 17. On pourra d'ailleurs ici souligner les talents de négociateur de Placé qui pourtant restera, sauf surprise, au Sénat, tandis que Duflot, bien incapable d'obtenir de telles conditions, pourra parader sous les ors de la République. Mais peut-être peut-on voir dans ce choix plutôt que l'autre la patte d'un Hollande qui n'était pas une chaud partisan d'un accord dont il a déjà dénoncé quelques points programmatiques, sans réaction des verts d'ailleurs dont on peut mesurer au passage les convictions, donc la patte d'un Hollande qui en choisissant Duflot pourra sans doute discréditer les verts pour un bout de temps.

Le troisième constat est relatif à l'effet Mélenchon. Cet homme, tout en augmentant significativement à la présidentielle, et un peu aux législatives, en voix l'audience de la mouvance communiste, parvient à faire élire environ deux fois moins de députés que sous l'ancienne législature. Certes, il n'y a pas eu d'accord avec les socialistes, sauf de désistement, mais cela ne peut pas tout expliquer. On peut y voir, car ce sont effectivement des bastions communistes qui sont tombés, notamment en Seine-Saint-Denis, l'inadaptation du discours mélenchoniste à l'électorat plutôt populaire de ces bastions. Je pense notamment que le discours pro-immigrés n'a pas eu l'heur de plaire aux classes populaires. Donc Mélenchon gagne des voix au niveau national, en générant un autre électorat, mais effraie l'électorat traditionnel du parti communiste. A méditer. Pour les communistes, bien sûr.

Un dernier constat, et je m'arrêterai là dans l'immédiat, est que l'effet "star" et peut-être surtout "guest star" ne fonctionne plus et donne peut-être même des résultats opposés à ceux escomptés.
Lang, Guéant, MAM et surtout Royal symbolisent cette désaffection pour les pointures, du moins celles et ceux qui se considèrent comme telles ou que leur parti présente comme telles, comme des individus dont ne saurait se passer la France. Certes localement et notamment pour Royal on trouvera des explications plausibles expliquant une défaite et même dans ce cas particulier une déroute. Mais reste que le phénomène mérite sans doute qu'on y prête attention. Est-ce un effet collatéral de l'élection de Normal 1er? Ou bien l'élection de ce dernier entre-elle dans cette même et nouvelle dynamique? Cela reste à éclaircir.

 

 

samedi 9 juin 2012

La mesure de l'Europe : France et Allemagne



Il s'est passé ces derniers temps quelques événements qui auraient sans doute dû attirer davantage l'attention des observateurs, ou encore celle de nos europhiles patentés, mais surtout prétendus tels, qui devraient vouer Hollande et son gouvernement aux gémonies et encenser Merkel.
Il est vrai qu'à la veille des législatives qui, si la droite fait un score honorable, si les verts obtiennent un groupe parlementaire, comme prévu, et si le front de gauche poursuit sa percée, devrait nous rappeler un peu la 4ème République, les médias qui ont largement participé à l'élection de Hollande ne peuvent pas faire tout leur boulot. On se demande d'ailleurs si un jour ils en seront de nouveau capables et cesseront de nous endormir avec la normalité d'un président et de ses ministres dont on devrait finalement peu se soucier en cette période trouble.
Et la période trouble nous ramène évidemment à cette Europe ou plutôt à ce rêve inabouti qui par justement ce caractère nous prive d'issues claires à cette crise qui s'abat sur elle depuis ces dernières années.

Pour résumer a grands traits ce qui se passe actuellement, on peut dire que le fameux traité de Maastricht qui, notamment avec la non moins fameuse monnaie unique et non commune, en mettant, comme on dit familièrement la charrue avant les bœufs, mais je pense que c'était volontaire, et donc en dotant l'Europe d'instruments qui auraient dû être la suite logique d'une véritable intégration politique, économique, financière, fiscale et sociale, nous a plongé dans l'abime justement parce que cette intégration ne s'est pas faite ou alors si peu. C'est d'ailleurs pourquoi, et j'en reviens à cet acte délibéré évoqué juste au-dessus, quelqu'un comme Jacques Attali, négociateur de Maastricht, se réjouissait récemment publiquement dans une émission de télé, parce que, pensait-il, cette crise sans précédent allait obliger l'Europe a franchir les pas qu'elle n'aurait jamais fait sans elle. Nous aurions donc été manipulés par quelques apprentis-sorciers et néanmoins idéologues, qui voulaient nous amener là où ils voulaient, quitte à prendre le risque de démolir la baraque. Et c'est effectivement là où nous en sommes : soit l'Europe évolue institutionnellement, soit elle explose à assez court terme.

Or, l'évolution institutionnelle est rendue d'autant plus difficile que l'élargissement de l'Union Européenne s'est fait de façon inconsidérée, de même que la constitution de la zone euro, et qu'il n'y a pas à véritablement parler de peuple européen. S'il existe une civilisation européenne disposant d'un corpus de valeurs communes à toutes les nations composant l'union, et ce n'est peut-être provisoire si on n'y prend garde, si on peut, quel que soit sont rapport à la religion, se référer aux racines chrétiennes de l'Europe, formule rejetée malencontreusement par Chirac, il n'y a pas de culture européenne. On ne peut non plus négliger que sur le long terme l'Europe s'est constituée par des guerres internes incessantes qui ont sans aucun doute renforcé les particularismes nationaux. Mais a contrario, l'idée de guerre intra-européenne, même si quelques foyers de tension peuvent encore exister, héritage des traités qui ont ponctué le premier conflit mondial, est considérée désormais comme une impasse et ceci constitue un point d'appui non négligeable pour fonder quelque chose de commun et de solide. A condition toutefois de prendre conscience que les Etats dans leur forme actuelle, s'ils ne dépassent pas un seuil critique en termes de population qu'on peut évaluer à 100 millions, ne peuvent plus guère peser au niveau mondial. Or aucun Etat européen ne dépasse ce seuil. L'Allemagne s'en éloigne de par sa démographie, la France mettra encore quelques décennies à atteindre ce seuil mais aura perdu d'ici là sa cohérence et cohésion nationale, rongée par le communautarisme. Donc à l'échelle mondiale seule une Europe intégrée politiquement et économiquement peut compter, pas forcément d'ailleurs avec tous ses membres actuels. Car en effet il faudra peut-être envisager une intégration progressive en termes de membres plutôt que globale.

Ce que je veux signifier, c'est qu'il y a encore bien loin à une Europe de cœur, mais que l'Europe de la raison, elle, doit obligatoirement s'imposer. Sinon c'est vers l'abime que nous allons.
Alors que l'Union dans ses limites actuelles, mais elles pourraient être plus restreintes, a le potentiel de devenir la première puissance mondiale, à condition toutefois de renoncer à sacrifier sa défense, ce que font allégrement ses membres depuis des années, alors qu'elle aurait la possibilité d'être un partenaire solide face aux Etats-Unis, alors qu'elle dispose des atouts pour faire face à la mondialisation et à résister à la pressions des grands ensembles émergeants , elle en reste frileusement au niveau du dialogue intergouvernemental où les intérêts à court terme de chaque pays priment sur toute autre considération, et donc non seulement ne pèse rien au niveau international, mais encore y apparait furieusement divisée. Il est tout de même symptomatique de voir cette Union européenne représentée au G8 par 4 pays auxquels on ajoute le président du conseil européen et celui de la commission. C'est sûr que face à ce panel aux intérêts divergents, Obama doit jouer sur du velours.

Et pourtant, alors qu'il est tout de même assez aisé de faire ce triste constat, certains Etats dont la France restent dans une approche minimaliste du problème quand ils n'inversent pas les problématiques.
Et c'st là que s'opposent la France et L'Allemagne. Quand la France nouvellement socialiste n'a rien d'autre à proposer que de mutualiser les dettes des Etats de l'Union par la création d'euro-obligations, l'Allemagne, et pas seulement le CDU de Merkel, parle de réforme institutionnelle comme préalable à toute forme de mutualisation de la dette.
On voit là la différence entre deux pays dont l'un évoque parfois l'Europe sans y réfléchir vraiment sur le fond et l'autre qui l'a placé au cœur de ses discussions politiques depuis longtemps. Car la problématique européenne prend effectivement beaucoup de place dans les discussions au Bundestag appuyé efficacement par la cour constitutionnelle de Karlsruhe qui pose des balises, je vais y revenir. Tandis qu'en France, on n'a pas ce genre de débat incessant. Ce sont davantage les partis qui se sont accaparés la problématique pour la laisser tomber au seuil de l'Assemblée quand ils y sont représentés, pour souvent tenir de vagues discours qu'on pourrait résumer à "plus d'Europe", "moins d'Europe" ou "plus du tout d'Europe". La réflexion de fond est absente. Et du coup quand l'Allemagne, en pleine crise, dit qu'il faut réformer les institutions, on n'a pas les moyens de li répondre concrètement. Alors on lui dit "ce n'est pas le moment, résolvons d'abord la crise", ce qui revient en gros à dire "payez, acceptez notre solution tordue des euro-obligations, et on verra après". Sauf qu'après on ne voit jamais, car on se contente d'une médiocre stabilité. Attali et ses comparses nous ont lancé un défi il y a 20 ans qu'il faut relever maintenant. Cette crise doit effectivement permettre à l'Europe d'avancer, de se réformer en profondeur, ou alors elle consacrera la fin d'une épopée qui n'aura été qu'un leurre.

Je reviens en quelques mots sur la conception allemande. Contrairement à ce qu'on nous prétend sans cesse, l'Allemagne ou Merkel ne sont pas dans une position qui se veut égoïstement hégémonique. La contribution allemande, en général, et dans le cadre de la crise en particulier, devrait déjà tuer cette rumeur furieusement entretenue par certains pour se dédouaner de leurs responsabilités passées, présentes ou à venir. L'Allemagne et tous les partis politiques qui comptent (CDU/CSU, SPD, FDP et même verts) sont sans doute les plus européanistes du continent. C'est d'ailleurs pour cela que le débat sur l'Europe occupe une place très importante dans les débats politiques internes. Et la solution retenue pour l'Europe est le fédéralisme à terme. De son côté la cour constitutionnelle étudie la faisabilité des transferts de souveraineté qui vont avec cette marche vers une Europe fédérale. Elle est prête à en accepter d'autres que ceux qui existent actuellement, mais pose une limite. En gros il n'y aura plus de transferts de souveraineté tant qu'il n'y aura pas eu démocratisation des institutions européennes. Plus haut le parlais de cœur et de raison. Et c'est là sans doute, par la démocratisation de ces institutions dans lesquelles les peuples de l'Europe ne peuvent guère se reconnaitre, qu'il est possible de rapprocher les deux. En tout cas la position allemande me parait équilibrée. Et surtout pensée. Ce qui nous éloigne de cette courte vue qui prévaut actuellement en France.

Pour ceux qui me prendraient pour un européiste convaincu et penseraient que mes propos sont un plaidoyer idéologique, je voudrais signaler que j'ai voté "non" à Maastricht. Par contre j'ai voté "oui" au référendum sur le traité constitutionnel. Incohérence? Je ne pense pas. Mais quand on vous a embarqué de force dans un train il me parait plus raisonnable finalement d'essayer de s'accommoder au mieux du voyage que de tenter de sauter du train en marche ou de le faire dérailler. A mon avis la grande incohérence est du côté de ceux qui ont voté "oui" à Maastricht et "non" en 2005. Mais pour certains l'opportunisme politique peut s'affranchir de certaines logiques.

 

 

 

samedi 2 juin 2012

Normalité et laxisme : la fête de la délinquance


Le nouvel exécutif en attendant de trouver sa chambre lui permettant enfin de légiférer, donc de commencer à travailler sérieusement, s'occupe comme il peut. Certes quelques décisions ont été prises qui pouvaient l'être par la voie réglementaire, certaines coûteuses comme l'augmentation de 25% de l'allocation rentrée scolaire, celle qui n'empêche pas certains enfants d'arriver à l'école la trousse vide, allez savoir pourquoi, et que ne compenseront pas les diminutions de salaire de notre président et de ses ministres, dont le nombre en hausse et ce qui va autour illustre bien une vieille tradition socialiste qui est de préférer la quantité à la qualité.
Donc comme on n'a pas grand-chose à faire, parce qu'on ne peut pas faire grand-chose, on s'occupe comme on peut. On fait des déclarations, on imagine des choses plus ou moins heureuses, et on joue aux normaux.

Sur ce dernier point notre président est évidemment en pointe. C'était effectivement un des points de son programme. Assez curieusement d'ailleurs ça a l'heur de plaire à ceux-là même qui accusaient Sarkozy de désacraliser la fonction présidentielle. Mais après tout c'est son affaire, s'il veut jouer les normaux. Et celui du service de sécurité qui aurait sans doute préféré assurer la sécurité d'un président normal, c'est-à-dire se comportant comme un président, plutôt que d'un homme normal soumis à ses fantaisies. Même chose pour les ministres d'ailleurs, j'y reviendrai. Ce qui m'interpelle par contre, c'est que les gens normaux, en général, ne sont pas obligés de crier partout qu'ils sont normaux. C'est un peu comme les gens qui sont sains d'esprit et qui ne se sentent pas obligés de le rappeler à tout moment. Seuls les fous revendiquent leur normalité, psychique j'entends.
Et évidemment si le président est normal, les ministres se doivent de l'être également. C'est donc avec une certaine jubilation que sont attendus désormais les conseils des ministres pour voir comment les uns et les autres vont arriver dans la cour de l'Elysée. On suppose que Valls en tant que voisin vient à pied, mais les autres? On savait déjà que Duflot se déplaçait en RER et en métro, ce qui a obligé ses gardes du corps à se doter de cartes orange. Au moins, grâce au service minimum instauré par Sarkozy elle n'aura pas d'excuses pour ne pas venir les jours de grève. Taubira a choisi pour sa part le vélo, demandant expressément aux policiers qui l'accompagnent dans ses déplacements de se doter de VTT. Seront-ils autorisés à se vêtir de la tenue ad hoc, ça on ne le sait pas encore. Alors on attend désormais avec impatience les prochaines initiatives : rollers, skate-board, trottinette? Peut-être que notre ministre asiatique optera-t-elle pour le pousse-pousse? Tandis que les maghrébins pour marquer leur différence pourraient opter pour le chameau. L'absence d'Indien dans le gouvernement permet de s'affranchir d'un élargissement du portail de l'Elysée… pour l'instant. En tout cas tout ça est beau, écolo et montre la capacité d'adaptation du service de protection des hautes personnalités qui chaque semaine doit se préparer à une nouvelle lubie. La formation de ces policiers d'élite devra d'ailleurs être réévaluée en ce sens. Et au moins ils auront des choses à raconter à leurs enfants. Mais pas sûr tout de même qu'ils apprécient. Mais ça n'a pas d'importance, après tout.

Mais tout ça c'est quand même un peu du folklore, destiné certes à occuper du temps d'antenne. Ce qui est davantage important ce sont les déclarations qui fusent ici ou là ou encore les projets qu'on porte à certains ministres.
Parmi ceux qui ont fait fort, on a évidemment Taubira qui, entre autres, revient sur les tribunaux correctionnels pour les mineurs récidivistes de plus de 16 ans, en fait sur une mesure dont on n'a pas encore pu mesurer la pertinence ou au contraire la nuisance. Mais comme il convient de se démarquer du gouvernement précédent, on n'est sans doute pas arrivé au bout de ces démarches. Ceci dit revenir à la situation antérieure qui a fait tout de même la preuve de son inefficacité, peut paraitre assez incongru. L'ordonnance de 1945 sur les mineurs serait-elle toujours pertinente en 2012? Certains sembleraient donc le penser. Mais ceci participe peut-être de la nostalgie et de l'attachement qui va avec tout ce qui s'est fait juste après la libération. Le programme du CNR de 1944 et autres mesures parallèles ou consécutives semblent pour certains être l'alpha et l'oméga. Il faut dire que ça aide quand on n'a pas d'idées et qu'on est rébarbatif à la réforme. Et puis il ne faut pas faire de peine à Hessel.
Quoiqu'il en soit l'annulation de cette disposition semble ramener la gauche à ses vieux démons, c'est-à-dire beaucoup d'indulgence vis-à-vis des délinquants, et peu de souci des véritables victimes. Doit-on aller jusques aux analyses de Zemmour, celles qui lui doivent d'encourir une nouvelle fois les foudres de la bien-pensance antiraciste, qui précisent à quel type de population profite cet angélisme retrouvé? Personnellement je le pense. Et les références aux propos anciens de Taubira qui expliquait que sa loi sur l'esclavage ne pouvait pas faire apparaitre les traites qui n'étaient pas occidentales par le fait qu'il ne fallait pas culpabiliser une certaine composante jeune de notre population semble confirmer un certain parti-pris favorable vis-à-vis de cette dernière. Il faut dire qu'elle n'est pas la seule dans ce gouvernement puisque notre actuelle ministre déléguée à la francophonie et aux Français de l'Etranger (qu'ai-je fait pour mériter ça?) considère "qu'à qualité égale, priorité au beur puisqu'il a eu plus d'obstacles à franchir qu'un blanc de souche".

Bien évidemment, le ministère de l'intérieur, devant très logiquement travailler en parfaite symbiose avec celui de la justice, ne pouvait rester insensible à cette tendance. Et donc, il devait lui-même faire un geste bienveillant envers cette population cible que d'ailleurs il faut aussi remercier pour son vote aux présidentielles et dont on attend d'ailleurs beaucoup pour les législatives.
Et donc une brillante idée, inspirée une nouvelle fois par nos brillantes associations anti-racistes qui voient le noir et l'arabe en proie à de perpétuelles persécutions, tandis que le blanc pour sa part ne peut évidemment pas être victime de racisme, a germé dans la tête ou de notre fringant nouveau ministre de l'intérieur ou de ses conseillers : la chasse au contrôle discriminatoire, plus communément appelé contrôle au faciès.
Certes quelqu'un que j'ai déjà cité aura bien un jour expliqué les raisons de ce type de contrôle. Il fut honni pour ces propos, mais pas condamné contrairement à ce que d'aucuns affirment, faisant un facile amalgame entre deux affaires jugées simultanément. Ce qui laisse supposer qu'il n'avait pas tout à fait tort, ce que certains hommes de terrain fort honorables, comme le juge Bilger, par exemple, ont d'ailleurs confirmé. Par ailleurs on peut supposer qu'on trouvera davantage de personnes en situation irrégulière sur le territoire chez des gens disposant d'un certain morphotype. Mais comme les faits ne peuvent être supérieurs à certaines idéologies bien-pensantes, ces arguments ne peuvent être retenus. Et il est donc scandaleux de voir les membres de cette chère diversité contrôlés davantage que les autres, les pâlichons.
Donc la brillante idée dont l'exposé va suivre est sortie de nos brillants cerveaux de la place Beauvau, et sera, comme l'a confirmé notre nouveau premier ministre, sans doute mise en application. Il s'agit du récépissé, ou de l'attestation de contrôle.

Ainsi toute personne contrôlée pourrait-elle bientôt recevoir une attestation montrant qu'elle a déjà été contrôlée. Cette attestation devrait comporter le matricule du policier à l'initiative du contrôle ainsi que son nom. Et pourquoi pas son adresse, pendant qu'on y est? On se rappelle des noms des policiers de la BAC sur les murs des cités à Grenoble ce qui a nécessité leur mutation parce que leurs vies, ainsi que celles de leurs familles étaient en danger. Sans oublier que beaucoup de policiers, étant donné leur salaire mirobolant vivent également dans des cités et tentent de maintenir le secret sur leur profession.
Mais la lutte contre les discriminations vaut bien quelques prises de risque, n'est-ce pas? D'ailleurs avec un peu de chance, bientôt il n'y aura plus de discrimination car plus de contrôles du tout. Qui risquerait sa peau pour un si maigre salaire après tout. Donc tout sera merveilleux. Les associations seront contentes et les délinquants en herbe également.

Sinon, comment ça peut marcher ce genre de mesure et quelles peuvent en être les conséquences à part celle décrite ci-dessus?
Un individu se fait contrôler. "Papiers, s'il vous plait, contrôle de police!". S'ensuit une palpation au corps qui ne révèle rien. "Bien monsieur, voici une attestation de contrôle". L'individu continue sa journée, ses petites affaires, et se voit un peu plus tard, le jour même, le lendemain peut-être, car on ne sait pas trop la durée de validité de ce récépissé, et se voit interpellé par un policier qui lui dit "papiers s'il vous plait, contrôle de police". Et là, fort de son bon droit l'individu en question exhibe son récépissé. Donc à cette étape, il y a deux solutions pour le policier. Soit il contrôle le récépissé et laisse le quidam en question poursuivre son chemin, soit il est d'un naturel méfiant et demande en plus du récépissé les papiers pour vérifier si le nom inscrit sur le sésame de la journée correspond bien à celui inscrit sur les papiers d'identité de l'individu, et, si tout va bien, dresse un second récépissé. C'est sûr que là on progresse! En fait, je pense qu'on compte sur la peur du policier de se voir sanctionner pour discrimination pour se contenter de laisser l'individu poursuivre son chemin sans investigation. Ce qui finalement peut être un plus pour les délinquants. Un tampon sur la main comme dans les boites de nuit serait sans doute alors plus efficace. Mais le problème, c'est que l'individu contrôlé ne disposerait pas du nom du policier.

Bien sûr on comprend les conséquences de tout cela. Un récépissé obtenu en début de journée permettrait ensuite de faire n'importe quoi dans l'impunité la plus totale. Les délinquants auront bien saisi cela et iront faire le pitre devant le premier policier rencontré de la journée pour avoir leur blanc-seing.
Ça permettra également de contrôler les policiers, de voir la mauvaise graine raciste qui germe dans les commissariats. La confiance de l'Etat envers sa police est vraiment exemplaire.
Et éventuellement ça permettra peut-être à l'individu contrôlé vraiment beaucoup de fois, d'obtenir après un nombre de récépissés à déterminer, mais comptons sur l'imagination de ceux qui nous gouvernent pour cela, d'obtenir une chirurgie esthétique aux frais de l'Etat, car là on pourra déduire du nombre de contrôles subis qu'il a vraiment une sale tête.

Donc globalement, cette mesure est un plus pour les délinquants et constitue un double danger pour les policiers, un danger physique et un danger professionnel.
Le changement c'est maintenant!