Le procès Zemmour est maintenant terminé, du moins dans sa partie débats. Le dernier jour fut comme d'habitude consacré aux différents réquisitoires.
Bien évidemment les parties civiles, donc les associations antiracistes, par la bouche de leurs avocats ont tenu un propos convenu assurant une place de choix au prévenu au panthéon des racistes.
L'avocat de Zemmour, pour sa part a fort bien rappelé les enjeux en disant que condamner son client revenait à mettre un couvercle sur un débat majeur de la société française, ce qui est d'ailleurs sans aucun doute possible la volonté des parties civiles.
Quant au parquet, à la procureure, elle a tenu un réquisitoire tout à fait intéressant, voire original dans lequel on sent que la vérité, la loi, n'ont pas forcément une importance fondamentale quand il s'agit de certaines affaires. A la lecture du réquisitoire, parfois la question me vint de savoir si un membre des associations ne se serait pas camouflé sous une robe de procureur.
Car la dame commence fort et annonce d'emblée la couleur, ou du moins de quel côté son cœur balance.
En effet, en préambule à son réquisitoire elle annonce qu'elle est la porte-parole d'une "République qui doit unifier et pacifier surtout dans la période trouble que la France traverse depuis plusieurs mois et au cours de laquelle des propos que l'on croyait définitivement tus reprennent de la vigueur".
Nous voilà donc en présence d'une héroïne des temps modernes, ce qui ne l'empêche pas de dire des conneries. Peut-on, en effet, parler d'unifier alors que dans le même temps la mode, et les revendications des associations antiracistes, sont à la promotion de la diversité. "Unis parce que divers" me parait être un slogan relevant davantage de l'oxymore que d'une possibilité future. Et donc involontairement, sans aucun doute, elle touche là un point essentiel du débat de société qui devrait être mené et que son réquisitoire semble vouloir interdire. En observatrice de la société, elle note que notre pays connait depuis plusieurs mois une période trouble et que la parole raciste est à nouveau libérée. Sur ce point, on devrait lui demander d'expliciter. Je n'avais pas remarqué que depuis plusieurs mois la société française était devenue plus raciste qu'elle ne l'était il y a un an, dix ans, ou soixante-dix ans. Mais peut-être sa perception a-t-elle été troublée par les revendications de plus en plus affirmée et les manifestations de plus en plus visibles de l'expression d'un refus du "vivre ensemble", donc de l'unité dont elle prétend être LA porte-parole. A travers ces mots, c'est sans doute les prières dans les rues, les exigences de vivre selon les principes de sa religion dans le domaine public,…, qu'elle condamne. Quant à la parole soit disant raciste libérée, ne la confond-elle pas avec les réactions légitimes des personnes attachées à notre culture, à la laïcité et souhaitant effectivement l'unité, mais pas forcément dans la diversité, culturelle bien sûr.
Plus loin dans son réquisitoire elle déplore que Zemmour ait repris "le vieux stéréotype qui assimile l'immigration à la délinquance".
Par ces mots ne reprend-elle pas à son tour le stéréotype du raciste ou du xénophobe.
Par ailleurs quand on évoque un stéréotype, on se réfère à un a priori. Or, un a priori ne se fonde pas sur des faites. En l'occurrence quand Zemmour déclare que la majorité des trafiquants sont noirs et arabes, il ne se fonde pas sur un a priori, sur une idée farfelue qui lui aurait traversé le cerveau. Il se fonde sur la part des condamnations des personnes issues de ces populations par les tribunaux et sur leur taux dans les prisons. Et même si les statistiques ethniques demeurent interdites, il y a suffisamment d'enquêtes menées à ce sujet pour en avoir la certitude. Chevènement le confirme dans sa lettre au tribunal que les associations ont d'ailleurs tenté, en vain, d'écarter. Et si les enquêtes ou l'étude des patronymes peuvent paraitre douteuses à certains, il n'y a qu'à, comme le suggérait Bilger quand l'affaire à éclaté, se déplacer dans les tribunaux et se rendre compte par soi-même. La méthode empirique garde encore des vertus.
Un point important maintenant. La procureure dit que "la discrimination n'est pas un droit mais un délit". Ce en quoi elle a tout à fait raison si on se réfère à l'article 225 du code pénal.
Maintenant il faut se pencher sur ce que dit Zemmour. S'il dit qu'un employeur a le droit de refuser des postulants noirs et arabes, il ne fait qu'énoncer une évidence dans la mesure où aucune loi ne l'oblige à embaucher des personnes à cause de leur couleur de peu ou appartenance ethnique.
S'il dit qu'un employeur peut rejeter des candidatures noires et arabes pour simplement cette raison, la loi lui donne tort, ou plutôt lui dit qu'il raconte une ânerie parce que ce n'est pas lui qui commet l'infraction, sauf dans des cas particulier décrits dans l'alinéa 3 de l'article précédemment cité qui dit que dans certaines circonstances, quand il s'agit d'une exigence professionnelle on peut discriminer sur l'apparence.
Néanmoins tout ceci mérite d'être discuté. Dans les faits un employeur, sauf un inconscient, ne dira jamais à un candidat à l'embauche qu'il rejette sa candidature parce qu'il est noir ou arabe, même si c'est le cas. La police de la pensée n'étant pas encore assez puissante pour lire ce qui se passe dans le cerveau d'un individu, on se rend compte que la loi ne sert pas à grand-chose dans ce domaine particulier de l'embauche. Or, si on se place à un autre niveau sémantique que celui de la loi, un employeur, parce qu'il n'est pas (encore) soumis à des quotas de noirs et arabes dans son entreprise, a le droit de ne pas en embaucher.
Reste maintenant à se demander pourquoi des employeurs évitent d'embaucher certaines populations. On sait par exemple, ou au moins ceux qui ont travaillé dans le domaine du recrutement le savent, qu'une femme d'une trentaine d'années qui n'a pas eu encore d'enfants a un fort handicap à l'embauche parce que le recruteur voit en face de lui une personne sur laquelle il pense ne pas pouvoir compter pendant très longtemps. C'est discriminatoire, sans doute sanctionnable par la loi, mais tant que ce n'est pas dit et qu'une concurrence au recrutement existe, la faute est difficilement démontrable.
On peut donc, et c'est certainement mieux que de s'offusquer dans le vide, se demander pourquoi certains chefs d'entreprise évitent d'embaucher des noirs et des arabes. Un chef d'entreprise a pour objectif de faire fonctionner au mieux son entreprise et de gagner un maximum d'argent. Dans ce cadre l'origine ethnique devrait passer après la compétence. On peut donc penser à plusieurs raisons pour expliquer le phénomène. Un de ceux que je vois est le déficit d'intégration projeté sur ces populations. Si le travail est facteur d'intégration, on ne peut pas non plus partir de rien ou de peu. L'entrepreneur a peut-être un rôle social, mais il est connexe. Son but est de gagner de l'argent pas d'intégrer. Ce n'est pas son rôle à lui. Et il n'est pas obligé de prendre certains risques tandis qu'il a le choix de ne pas les prendre en allant puiser dans un vivier de candidats qu'il estime mieux intégrés.
Autre possibilité : la religion imputée au candidat. Imputée effectivement car la demander au candidat et ne pas le recruter serait se mettre soi-même la corde au cou. Depuis qu'une certaine religion exige des droits dans l'entreprise pour ses membres, certains patrons voient sans doute avec méfiance des candidats supposés appartenir à cette religion. Car il sait que bientôt il devra investir (sans retour d'investissement bien sûr) dans une salle de prière, aménager ses cuisines s'il dispose d'un restaurant d'entreprise, aménager des horaires pendant la période du ramadan. Bref, tout ça ça coûte cher et ça peut perturber le fonctionnement de l'entreprise, introduire des antagonismes entre membres de cette entreprise. C'est juste une hypothèse qui peut en rejoindre d'autres sans qu'elles s'annulent entre elles.
Un chef d'entreprise peut donc être fondé, parce qu'il ne voit pas nécessaire de prendre certains risques qu'il gardera sous silence, bien sûr, à éviter d'embaucher certaines catégories de personnes. S'il ne manque pas de candidats, s'il tait les raisons de son refus d'embauche, la loi ne peut rien contre lui. Il a donc le droit de discriminer. Comme Anne Lauvergeon, sauf qu'elle, elle l'a dit, ce qui fait qu'elle n'en a plus le droit, sauf qu'on lui accorde bien volontiers puisque la population discriminée est constituée de mâles blancs uniquement.
Pour terminer son réquisitoire, la procureure met en avant "le crédit qui peut être accordé aux paroles du prévenu, un homme de médias, un polémiste reconnu, un trublion parfois", pour demander à ce qu'il soit condamné pour incitation à la discrimination raciale.
La loi n'est pas donc la même pour tous. Zemmour est coupable, selon la procureure, pas tant à cause des paroles qu'il a prononcées, que parce que c'est lui qui les a prononcées. L'acte s'efface derrière celui qui l'a commis. En gros, c'est la peau de Zemmour, le polémiste, le trublion qui a (hélas) accès aux médias qui est demandée.
N'était-ce pas là un réquisitoire de militante en charge d'épauler les parties civiles dans leurs délires idéologiques, et non de regarder les faits.
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