"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 27 octobre 2015

L'Europe et les migrants





L'Europe est-elle submergée? Mais non, vous répondra-t-on! 1 millions d'immigrés pour 514 millions d'habitants dans la seule UE, c'est peanuts!
En fait c'est peut-être 1 mais aussi 2, moins éventuellement, mais beaucoup plus dans un avenir proche puisque les causes produisant les effets migratoires n'ont pas été éradiquées, ne le seront pas demain et vont même sans doute s'étendre. Il en est évidement de même des causes faisant de l'Europe cet aimant vers lequel sont attirés tous ces malheureux et les autres. Par ailleurs ce million et le reste ne prennent pas en compte ceux qui sont déjà arrivés, et même les enfants ou petits-enfants de ceux arrivés depuis longtemps et dont on a l'impression en les voyant, en voyant leur manière de se vêtir, en considérant leurs mœurs, leur langage, leur façon de considérer ceux qui ne sont pas comme eux, c'est-à-dire nous, qu'ils viennent de débarquer la semaine dernière et que le temps leur a  évidemment manqué pour s'intégrer à leur nouveau milieu. Ce point est évidemment important, même essentiel, et j'y reviendrai.

Mais avant de parler accueil, ou rejet, en tout cas prise en compte, traitement d'une immigration massive, arrêtons-nous un instant sur les causes, celles qui font que l'Europe ou l'Union, non on ne rit pas, se retrouve confrontée à une crise majeure susceptible de la faire imploser. Vous me direz "on a déjà dit ça à propos de la crise grecque et on s'en est sorti, oiseau de malheur!". Sauf que cette crise n'a pas été résolue bien évidemment. Mais ce n'est pas le sujet.
Les causes évidemment on les connait : la guerre, la peur, la misère, l'espoir d'une vie meilleure ailleurs... Mais que fait l'Europe ou que peut-elle faire pour combattre ces causes? En fait pas grand-chose, et même quasiment rien.
Elle est incapable de peser efficacement sur les conflits, faute de posséder des forces qui lui sont propres et parce que les pays qui la composent disposent de moyens militaires réduits. Une stratégie de défense fondée sur la dissuasion nucléaire comme en France à laquelle s'ajoute une armée devenue croupion au fil des années, il fallait bien engranger les dividendes de la paix, dixit un ancien premier ministre devenu depuis ministre des affaires étrangères et qui à l'occasion de cette sortie a montré sa clairvoyance et donc son aptitude à diriger notre diplomatie, une telle stratégie n'est plus adaptée aux défis de notre époque, et c'est pour cela qu'on la conserve. Et comme donc l'Europe et ses membres sont impuissants, ils sont évidemment à la remorque s'engageant dans des coalitions de façon symbolique ce que ne saurait cacher une communication tonitruante dès par exemple qu'un rafale lâche de façon très épisodique une bombe sur un camp d'entrainement des méchants islamistes, enfin des islamistes méchants car il paraitrait qu'il y en a de fréquentables. Ceux fréquentables sont évidemment ceux que soutiennent nos alliés du coin soutenus eux-mêmes par les Etats-Unis et qui nous dictent notre conduite. Alors on assiste médusés à une diplomatie à la godille où ce qui était valable hier ne l'est plus aujourd'hui. Prenons un exemple : le 24 septembre, la chancelière allemande déclarait : "Il faut parler avec de nombreux acteurs, et cela implique (Bachar al) Assad, mais il y en a d'autres."  Le 27 octobre son ministre des affaires étrangères déclare : "A ce que je vois, il y a beaucoup d'acteurs et de puissances régionales, dont la Turquie, l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe, pour lesquels c'est impensable et nous ne pouvons imaginer non plus qu'Assad fasse partie d'un gouvernement de transition ayant tous les pouvoirs." Tout est dit, Turquie, Arabie Saoudite et autres pays du Golfe. Ce sont eux qui font la loi. Surtout la Turquie où l'épaisse chancelière a rencontré il y a peu le très respectable, amoureux de la laïcité, et fiable Erdogan pour qu'il conserve chez lui un maximum de réfugiés. Pour cela ce ne seront pas uniquement des millions d'euros qui seront nécessaires, mais bien d'autres choses, comme, et le changement d'attitude est significatif, un alignement de la politique étrangère européenne sur celle de la Turquie en ce qui concerne le problème syrien. Mais pas seulement puisque on veut reparler de l'adhésion de la Turquie à cette UE qui part en vrille. On nous dira sans doute que c'est pour mieux la contrôler, d'autres envisageront les conséquences inverses.

S'agissant des causes économiques, là aussi l'Europe est en dessous de tout. Non seulement elle ne donne pas suffisamment, bien moins que ce que dictent les critères onusiens sur l'aide publique au développement, mais en plus elle ne contrôle pas ou très peu la destination de ce qu'elle donne, à la grande joie des banques suisses et luxembourgeoises, et pas seulement (les banques!).
Ne pouvant donc influer réellement sur les causes, l'Europe doit gérer ou tenter de gérer les conséquences, et donc les flux de migrants générés par les malheurs sur lesquels elle n'a aucune influence et ne peut que commenter en fonction des éléments de langage fournis par d'autres.


Sur l'accueil des migrants, on peut distinguer trois grandes écoles, mais dont deux d'entre elles peuvent finalement aboutir à des positions communes.  Je distinguerai la position libertaire, la position libérale et la position civilisationnelle (en d'autres temps j'aurais dit identitaire, mais ce terme ayant été tellement galvaudé que je l'éviterai).

La position libertaire, c'est celle de tous ceux qui ont toujours le cœur sur la main tant que ce sont les autres qui paient. Pour résumer leur position, il faut accueillir sans restriction tous les gens qui souffrent et même les autres, les frontières n'ont aucun sens et surtout aucune légitimité, chacun va où il veut, et de toute façon on est assez riches pour accueillir tout le monde. Ce n'est guère élaboré comme pensée, mais ceux qui en sont porteurs sont forcément des gens biens car généreux, même si c'est l'Etat qu'ils méprisent qui doit se débrouiller. Et il aura intérêt à le faire car ils assurent le suivi, signant toutes les pétitions possibles et imaginables surtout s'ils ont un statut d'artiste, forcément progressiste. Même s'ils peuvent paraitre risibles, ou naïfs, ou encore étant dans une simple posture, ils ont cette force de pouvoir mobiliser les médias de toute obédience, ceux de gauche leur étant naturellement ouverts tandis que l'accès de ceux de droite leur sera facilité par les libéraux, et de jouer sur la fibre émotionnelle. On se rappelle de cette photo (recadrée pour les besoins) du petit garçon syrien.

Ils ont pour alliés objectifs, d'où cet accès facilité aux médias, les libéraux. Ceux-là non plus n'aiment guère les frontières et encore moins les nations. Ce sont ceux qui suivent les orientations, j'ai failli écrire les ordres, de la commission trilatérale (Amérique du Nord, Europe occidentale, Asie du pacifique) ou du groupe de Bilderberg, tous ces mondialistes qui inspirent la commission européenne depuis des lustres et adoubent nos dirigeants. Lagarde fut admise au Bilderberg avant de devenir présidente du FMI, et Juppé fut adoubé l'été dernier ce qui laisse supposer qu'il a de fortes chances de devenir notre prochain président (van Rompuy avait été entendu par ce groupe avant de pouvoir devenir président du conseil européen). Je voudrais juste relever une déclaration d'un des éminents membres de la trilatérale pour vous montrer ce que sont ces gens et quels sont leurs buts. Il s'agit en l'occurrence d'un dénommé  Peter Sutherland, conseiller spécial pour les migrations auprès du secrétaire général de l'ONU dont on comprend désormais qu'elle encourage une migration de remplacement pour l'Europe, lequel déclara en 2012 devant la Chambre des Lords que "l'Union européenne doit faire de son mieux pour détruire l'homogénéité interne des nations européennes". Un discours qu'aurait pu tenir évidemment un libertaire gourmand de diversité ou de métissage. Et donc quoi de mieux pour "détruire l'homogénéité des nations européennes" que des migrants de culture différente et arrivant en masse pour s'y installer durablement. Par ailleurs ces mêmes migrants conforteront l'analyse marxiste sur laquelle ces libéraux ne crachent pas selon laquelle ils constitueront "l'armée de réserve du capitalisme". C'était bien le sens de l'invitation faite par Merkel à ces migrants qui la fit passer, grâce notamment aux gentils libertaires, de l'image de la mégère bismarckienne torturant les Grecs à celle d'une mère Térésa dont la compassion à l'égard de tous ces malheureux jetés sur mers et routes pour trouver paix, repos et prospérité aurait dû lui valoir le prix Nobel de la paix. Si, si, ils y ont cru! Remarquez, puisqu'Obama l'a eu il 'y a pas de raison qu'elle ne l'ait pas non plus!

Et enfin il y a la position de ceux qui veulent défendre l'identité de l'Europe, la position des pas gentils du tout, des pas beaux, des ringards, de ceux qui n'ont rien compris à la marche de l'histoire, des nauséabonds, de l'Europe rance (comme dirait notre premier ministre bien qu'il préfère appliquer cette épithète à la France), bref des fachos. C'est aussi ma position, que la honte soit sur moi! La figure de proue des tenants de cette position est bien sûr le premier ministre hongrois Viktor Orban, pas tant à cause de ce qu'il pense et dit, puisque c'est la pensée qui domine dans ce qu'on appelle les PECO, mais parce qu'il concrétise ses mots par des actions. Ce qui peut paraitre insolite et même déplacé sous nos cieux!
Pour résumer cette position, l'Europe a une civilisation qui lui est propre, d'inspiration chrétienne dans ses valeurs, qu'une arrivée massive de migrants issus d'une autre civilisation, musulmane pour ne pas la citer, finirait par détruire. Les tenants de cette position n'ont pas oublié ce qu'est "la frontière". A leur décharge, si on parle des Hongrois, on peut dire que ces derniers parlent d'expérience. Par ailleurs, ils sont confortés dans leur vision des choses par l'observation qu'ils peuvent faire depuis plus de 20 ans de ce qui se passe en Europe occidentale, là où l'échec de l'intégration est patent, là où les identités nationales partent en vrille quand elles ne sont pas objet de dérision pour ceux dont on pourrait penser, parce qu'ils gouvernent, qu'ils ont la charge de les défendre. La réforme du contenu des programmes scolaire, en histoire notamment, en France est à cet égard exemplaire de  cette attitude, de cette volonté de destruction de nos racines. Cette position de défiance vis-à-vis d'une immigration de masse, si elle est défendue par un certain nombre de dirigeants, notamment ceux du groupe de Višegrad (Hongrie, Pologne, Tchéquie et Slovaquie), a aussi des adeptes et dans des proportions que je pense notables dans les autres pays de l'Union Européenne dont les dirigeants oscillent entre la position libertaire et celle libérale pour justifier leurs choix ou pour être plus exact s'appuient sur la position libertaire pour que l'emporte la position libérale.

Et voilà donc au milieu de tout ça l'Europe. Ses dirigeants, président du conseil, commissaires, et surtout hauts fonctionnaires tous acquis à la mondialisation heureuse et œuvrant pour leurs maitres discrets, secondés dans leur action dans beaucoup de pays d'Europe occidentale et du Nord par des dirigeants acquis à la même idéologie post-nationale et libérale, doivent donc se parer des oripeaux humanitaro-libertaires pour faire atteindre leurs objectifs tout en se heurtant d'une part à des dirigeants, situés surtout à l'Est de l'Europe, qui ont encore le souci de leur nation, et d'autre part aux opinions contraires émises par les peuples d'Europe, ces maudits peuples vis-à-vis desquels tout a été fait pour que leurs volontés soient étouffées, pour que la démocratie qu'on leur propose soit réduite à un simple simulacre, mais dont il faut tout de même se méfier des fois qu'ils se réveilleraient, des fois qu'ils trouveraient qu'on pousse le bouchon un peu trop loin, des fois qu'ils réaliseraient que le destin qu'on leur concocte ne va pas dans leurs intérêts. Je crois que les peuples rechignent à être dissous, à devoir déposer leur identité au fond d'une urne funéraire déguisée en urne électorale pour devenir un agrégat d'individus dont le seul point commun serait l'envie de consommer. Je crois que Sutherland a surestimé le pouvoir de l'union européenne dans sa capacité à dissoudre les identités des nations européennes. Le mur existe.
Et donc devant cette situation, l'UE doit composer. Composer avec les décisions d'Orban et rediriger les flux. Composer pour les réguler. La Serbie est priée de mettre en place des camps pour réguler les flux. C'est sans doute le prix à payer pour elle pour intégrer l'Union. Mais comme ça ne suffit pas il faut aussi composer avec la Turquie, ainsi qu'on l'a vu plus haut et payer très cher, et pas seulement en euros. Il faudra être aussi un peu sympa avec les Grecs puisque la majorité des migrants passe par chez eux. Eux-aussi devront fixer les fixer dans des camps. Ça devient un jeu de piste, avec des camps semés au long du chemin. Quand on est prêt à les recevoir là où on veut les recevoir, on ouvre les vannes et on devrait donc assister à une translation de camp en camp des flux de migrants. Bien sûr tout ça est théorique et suppose que tous jouent le jeu, que la Turquie ne laisse pas partir trop de réfugiés d'un coup, que les Grecs les reçoivent dans de bonnes conditions, et que les camps qui se succèdent au long du chemin remplissent certaines conditions et donnent envie d'y rester un certain temps. Il faut aussi que les migrants se plient à ces règles qui ne sont pas tant faites pour eux que pour qu'on puisse organiser la logistique et surtout pour que l'impression d'envahissement soit atténuée, donc pour que la pilule passe mieux auprès des peuples. Les scènes d'enthousiasme du début et qui concernaient surtout les Allemands, enfin ceux qui en étaient les acteurs, les autres étant interdits d'antenne, destinées à nous indiquer la conduite à tenir, la "bonne" conduite, semblent en effet appartenir aujourd'hui au passé. On entend davantage parler de Pegida que de la liesse des foules à la gare de Munich, vous savez cette gare qu'on a réorganisée à l'occasion de l'Oktoberfest pour que les réfugiés musulmans n'aient pas à croiser les fêtards. Ça donne tout de suite le ton de ce qui va suivre, de notre avenir même.
 Dans tous les cas il y a tromperie, mais n'est-ce pas là la marque de fabrique de l'Union européenne?

mercredi 21 octobre 2015

La France apaisée





Ça fait partie de ces expressions qui vous campent l'homme qui les prononce. Un brave type impuissant auquel il ne reste plus qu'à invoquer des slogans vides de sens pour faire semblant d'exister. A moins que ce ne soit un type oublieux de ce qu'il a déjà dit et qu'il n'a pas réussi à obtenir ou qui pense que ceux auxquels il s'adresse ont oublié une promesse déjà émise par le passé et pas tenue. Mais peut-être est-ce simplement quelqu'un qui n'a rien à dire et qui doit meubler le temps d'un entretien radiophonique ou d'une quelconque intervention.
Mais, même si je ne m'attarderai pas là-dessus, c'est tellement lamentable et caractéristique de ce pouvoir qu'il vaut mieux s'en abstenir sauf à vouloir se faire du mal en comptant le temps minimum qu'il nous reste à subir ça, comment oser parler de France apaisée quand on détient le monopole de la violence légitime et qu'on refuse de s'en servir laissant celle illégitime s'imposer sur des parties entières du territoire? Comment quand on est président de la République oser parler de France apaisée, dès lors que des gens provoquent la fermeture d'une gare pendant plus de deux semaines du fait de leurs incivilités, tandis qu'une autre gare est quasiment incendiée au moment où il prononce ces paroles? Chaque jour nous apporte les preuves de la démission de ce pouvoir incapable d'assurer la sécurité des Français et leur libre circulation, mais cela n'empêche cependant pas le grand responsable de ce chaos de venir au micro d'une grande radio à une grande heure d'écoute nous tenir un baratin sur la France apaisée. Faut oser! Et aussi compter sur la passivité de ceux qu'on qui sont de l'autre côté du micro.

Mais revenons à cette expression si mal placée dans la bouche d'un incapable.
Alors, bien sûr je confirme. Les Français préfèrent, du moins j'imagine, vivre dans une France apaisée que dans une France où c'est le bordel, où la loi n'est plus respectée, sauf celle du plus fort, où sortir dans la rue constitue un risque inattendu dans une société dite civilisée, où on n'a pas envie d'être la victime de la haine ou du ressentiment de gens qu'on ne connait pas forcément mais qui estiment avoir les raisons de ne pas vous aimer parce que vous êtes de telle couleur, croyez que tel prophète est le bon et les autres des charlots, avez telle profession, telles opinions, etc.
Mais finalement peut-être que je me trompe, car tout ça finalement, c'est de leur ressort aux Français et aux gens qui vivent sur le territoire français. Peut-être que finalement les habitants de la France imaginent une France apaisée mais qui corresponde à leur conception de cette France, individuelle, ou collective, ce dernier adjectif ne concernant pas les Français dans leur ensemble mais des groupes d'individus plus ou moins vastes ayant une vision assez homogène de la chose.
De fait, et en se référant à l'histoire même ancienne, l'expression France apaisée me semble être un oxymore presque parfait. De la guerre de 100 ans en passant par les guerres de religion, les jacqueries, la Fronde, la révocation de l'Edit de Nantes, la Révolution, les révolutions qui lui succédèrent, l'affaire Dreyfus, la loi de 1905, l'entre-deux guerres, la collaboration et la résistance, l'épuration, les guerres de décolonisation, mai 58, mai 68, la querelle autour de l'enseignement libre, l'intégration des étrangers, les émeutes des banlieues, le mariage pour tous, et j'en ai oublié, jusqu'à la conférence sociale qui vient de se tenir, il me semble que la France a toujours été en conflit avec elle-même, ne connaissant que quelques courts instants de répit quand elle fut parfois gouvernée ou d'une poigne de fer, ou habitée par un objectif commun dépassant intérêts individuels et de groupe. Peut-être, et je n'en suis pas vraiment sûr la France a-t-elle été apaisée sous Louis XIV avant qu'il n'ait eu cette mauvaise idée de révoquer l'Edit de Nantes, sous Bonaparte premier Consul et peut-être sous Napoléon, sous de Gaulle entre 62 et 68, raison peut-être pour laquelle ces trois hommes restent les figures tutélaires de cette France qui semble attendre un successeur à ces trois véritables chefs d'Etat, mais en vain. En vain parce que la mode est maintenant pour les prétendants à la gouvernance de la France d'aimer les Français et les gens en général davantage que d'aimer la France. Or je crois que la France, et sans doute n'importe quel pays, celui des bisounours n'existant pas sauf dans les rêves socialistes d'où seraient bien sûr exclus tous ceux qui ne seraient pas des bisounours, gagne ainsi que sa population à être gouvernée par des dirigeants plus soucieux de leur pays que des gens qui y vivent. C'est exactement pour cela que quand j'entends des gens dire, ultime artifice pour lui trouver une qualité d'homme d'Etat sans doute, que Hollande aime les gens, je souris car ils ne se rendent pas compte à quel point ils expriment le fait que c'est un très mauvais chef d'Etat et même quelqu'un qui ne mérite pas de diriger la France. Car si, donc, il suffisait d'aimer les gens, ce qu'au demeurant je ne crois pas que ce soit une caractéristique nos derniers dirigeants qui, à mon avis, n'ont aimé et n'aiment ni vraiment la France, ni vraiment les gens, mais surtout eux-mêmes, c'est dans les monastères et les couvents qu'on aurait la chance de trouver les personnes les plus aptes à nous diriger. Mais la bonté est incompatible avec le pouvoir qui ne peut que se concevoir que dans le cadre  d'une vision pour le pays sur lequel il s'exerce et de la défense des intérêts de ce dernier. Les gens bons ont un rôle certain à tenir pour alerter le pouvoir et infléchir sa politique, mais feraient de bien piètres gouvernants sans aucun doute.

C'est évidemment ici mon côté bonapartiste qui s'exprime en insistant sur la nécessaire qualité des gens qui dirigent la France pour que celle-ci soit apaisée, comme dit l'autre qui ne possède pas cette qualité. Et je conçois que c'est évidemment insuffisant en termes de conditions pour que la France soit apaisée, même si par ailleurs un chef d'Etat digne de ce nom veille à ce que les autres conditions, du moins celles que je considère comme essentielles, soient respectées.  
Il y a en effet quelques fondamentaux à respecter si on veut espérer une France apaisée. Ou pour être plus clair des responsabilités qui incombent à l'Etat et qui si elles ne sont pas prises amènent forcément des troubles.

Pensons tout d'abord à l'ordre. Je sais que ce simple mot écorche souvent les oreilles des âmes sensibles d'une gauche humaniste et de progrès plus portée à laisser chacun faire ce qui lui plait. Je sais aussi que l'ordre demande du courage de la part de ceux qui sont censés le faire respecter. Je ne parle pas de ceux qui tiennent la matraque, mais de ceux qui sont responsables. Or force est de constater que l'ordre, la loi ne s'appliquent plus guère qu'à ceux qui veulent bien les subir ou aux plus faibles, que par exemple dépasser une limitation de vitesse de 2 km/h ou payer ses impôts avec 24 heures de retard est souvent plus préjudiciable que d'incendier des voitures, bloquer des axes routiers ou ferroviaires, faire son petit business dans le hall des immeubles de certaines cités... Force est de constater que des membres d'une minorité qui se regroupent pour défier les règles, que des gens opposés à une loi, pensons aux bonnets rouge par exemple, utilisant la violence et pratiquant la destruction de biens publics s'en tirent généralement bien et obtiennent même gain de cause sur leurs revendications, quitte à annuler des décisions judiciaires ou encore mieux une loi votée pourtant à l'unanimité. Si donc le recours à la violence est légitimé parce qu'au plus haut niveau de l'Etat on renonce à faire respecter l'ordre, inutile ensuite d'en appeler à une France apaisée alors qu'on a contribué et même encouragé à la plonger dans le tourment, alors qu'on a rompu le principe d'égalité devant la loi qui est un des fondements de la République.

De l'égalité (devant la loi), je glisse vers l'équité. Quand des gens estiment, et ils ont des raisons pour cela, je vais y venir, que leur situation n'est pas équitable, quand donc ils éprouvent colère et rancœur, tandis qu'ils ne peuvent exprimer ces sentiments que par des mots qu'on n'entend pas ou un vote qu'on méprise, on ne peut se poser quand on est responsable comme le promoteur d'une France apaisée. Quand par exemple des Français ayant travaillé et cotisé toute leur vie se voient contraints par manque de revenus à renoncer à des soins tandis que d'autres parce qu'ils sont hors la loi, je pense aux clandestins, peuvent bénéficier de soins, même dits de confort, complètement gratuits, la colère ne peut que monter. Quand les mêmes ont une pension faible, je pense notamment aux paysans retraités ou davantage à leurs veuves qui n'ont pas cotisé par mesure d'économie souvent nécessaire, voient des gens qui n'ont jamais travaillé en France ou cotisé avoir des revenus supérieurs aux leurs et en plus bénéficier de prestations qui leurs sont refusées, la colère ne peut que monter. Quand des gens aux faibles revenus trainent pendant des années sur des listes d'attente pour l'obtention d'un logement social qu'ils n'auront peut-être jamais parce qu'entre temps leur situation familiale aura évolué voient des amis  ou des membres du pouvoir politique local (cas fréquent à Paris) bénéficier de ces logements tandis que leurs revenus devraient leur en interdire l'accès, ou quand des immigrés par mesure humanitaire passent devant eux, la colère ne peut que monter.

Alors vous me direz, dans tout ça il y a une forme d'apologie de la préférence nationale et ça c'est vraiment pas bien. Libre à vous de le penser, je pense exactement le contraire. S'il n'y a pas de préférence nationale c'est qu'il n'y a plus de nation et s'il n'y a plus de nation il n'y a plus vraiment d'étrangers. Or c'est bien un des maux de notre pays et de l'Europe en général, du moins cette partie de l'Europe qui ne résiste pas à ce diktat davantage libéral qu'humaniste au passage, que de voir ses habitants contraints, moralement et de plus en plus par la loi, de cesser de considérer l'étranger comme un autre, la réciproque étant que l'étranger peut désormais cesser de se considérer comme un invité, donc devant obéir aux règles de ses hôtes et éventuellement de les faire siennes s'il souhaite sortir de sa condition d'étranger. Cette idée qui s'accoutre des haillons pouilleux qu'on nomme diversité ou métissage, même si ces notions sont antagonistes, est certainement en vogue chez beaucoup de nos progressistes, trouve évidemment ses promoteurs (en fait ce serait surtout promotrices) dans l'actuel gouvernement, mais, hélas pour eux, et tant mieux pour la France, ne semble pas rencontrer beaucoup les faveurs des Français, du moins dans leur majorité. Et ces gens, ces horribles réacs, ces maudits réfractaires au progrès, même s'ils n'ont pas encore vraiment trouvé qui pourrait les représenter de façon crédible, après avoir courbé l'échine, après avoir voté "mal" par dépit, ou ne pas avoir voté du tout, commencent de plus en plus à relever la tête et à refuser ce qu'on veut leur imposer, cessant en même temps de considérer comme de justes manifestations d'une identité, la même chose qu'on leur refuse à eux si elle se réfère à leur nation, son histoire, sa culture, ses valeurs, quitte à en produire d'autres et ce dès l'école, les agissements de ceux qui depuis longtemps ont cessé de se considérer comme de simples invités pour se croire des parties prenantes de ce pays et pourquoi pas son avenir. A la décharge des derniers cela fait longtemps que leur attitude n'est pas réprouvée par les pouvoirs publics qui même ont tendance à l'encourager. Je ne reviendrai pas sur cette notion d'inclusion que trouvait merveilleuse le précédent premier ministre. Et il n'était pas le seul.
Il existe donc un véritable conflit et qui est identitaire. Ce sera l'enjeu principal des prochaines années et ce sera une source de grands troubles. Ce gouvernement et ceux qui l'ont précédé depuis 1974, souvenons-nous du regroupement familial, en sont les responsables.

Dans le même ordre d'idée, je pourrais parler du désamour pour son pays qui est devenu institutionnalisé par des lois et qui est une des clés de voute de l'enseignement de l'histoire à l'école. Si on ne s'aime pas, si on considère son pays comme criminel devant l'histoire, comment espérer que ceux qui y viennent l'aiment surtout si en même temps on explique à ces derniers qu'il a une dette imprescriptible, valant droit de tirage définitif et éternel, vis-à-vis d'eux.

Je pourrais aussi parler du mensonge ou tout du moins du manque de sincérité qui est devenu une règle chez nos dirigeants qui tentent vainement de compenser ou leur impuissance, ou leur complicité, en tout cas leur manque d'action par le verbe. On a un premier ministre spécialiste qui parle de toujours sanctionner les fauteurs de trouble sans qu'on en voie les résultats d'autant plus que ce n'est pas de son ressort. La référence à une France apaisée fait partie de cette insincérité, de cette hypocrisie. Et ça ne trompe que ceux qui veulent être trompés.


Je pourrais enfin parler du rôle des intellectuels, surtout pseudos ceux-là, ou des journalistes, également pseudos malgré leurs cartes et les avantages notamment fiscaux qu'ils en tirent (toujours l'équité!) qui n'ayant plus rien à dire ne peuvent exister que par la dénonciation calomnieuse de ceux qui ne sont pas dans un schéma "correct" de pensée, et en particulier les autres intellectuels qui ne sont pas restés bloqués sur un paradigme qui ne fonctionne pas.



Non la France n'est pas apaisée et n'est pas près de l'être. Pour qu'elle le soit ou pour que les choses aillent un peu mieux, la première condition serait qu'elle soit gouvernée. Or elle ne l'est pas, en tout cas pas à partir de Paris et pas par les représentants que le peuple se donne. Il faudrait aussi se souvenir qu'on ne gouverne pas contre le peuple, surtout en démocratie, et que le peuple ce n'est pas une entité abstraite, une somme d'individus déconnectés et qui auraient jeté aux orties les choses fondamentales qui en ont justement fait un peuple, forcément différent des autres peuples.