"Vous verrez, vous apprendrez à les aimer, même si eux ne vous aiment pas".
C'est un peu le message que doivent supporter les Européens depuis un certain nombre d'années, à moins que ce ne soit le suivant :
" S'ils ne vous aiment pas, c'est parce que vous le méritez. Si vous ne les aimez pas, c'est que vous êtes des salauds".
De fait on constate qu'en Europe, il y a de plus en plus de salauds. L'extrême-droite certainement islamophobe au sens étymologique du terme (qui a peur de l'islam et non qui hait l'islam), sans doute xénophobe, parfois raciste et antisémite, gagne du terrain dans quasiment tous les pays de l'Union Européenne. Quand elle ne participe pas à des gouvernements comme ce fut le cas en Autriche et comme c'est le cas en Italie, quand elle n'appuie pas des gouvernements comme c'est le cas au Danemark, ses thématiques sont reprises par d'autres gouvernements comme c'est le cas en Hongrie, en Suisse (hors UE), en France et même au Royaume-Uni où pourtant le parti d'extrême-droite est très faible. Elle peut également se poser en interlocuteur obligé ou en position de perturbateur comme c'est le cas désormais en Suède où les dernières élections obligeront à des compromis entre la droite vainqueur mais non majoritaire et la gauche. Car un peu partout l'extrême-droite qui enregistrait des succès essentiellement locaux s'impose au niveau national.
Et voilà même que des gens de gauche dans certains pays se mettent désormais à développer des thèses jusqu'ici scandaleuses, comme par exemple Thilo Sarrazin, membre du parti socialiste allemand qui attaque de front l'islam dans son pays (voir billet précédent) dans un livre récent qui connait un certain succès chez les Allemands, même si la classe politique bien évidemment s'en démarque.
Face à cette contagion, les arguments les plus entendus sont évidemment que les "racistes" sont de plus en plus décomplexés, que les gouvernements jouent sur la corde populiste, que les problèmes soulevés n'existent pas mais sont inventés de toutes pièces ou concernent des minorités pas représentatives… Bref, il y a des salauds, mais heureusement aussi des gens vachement bien et extrêmement vigilants qui n'hésiteront pas à traquer le raciste là où il se trouve et le feront taire, soit en le montrant du doigt, soit en cliquant sur "alerter la modération". Il faut dire que ça a marché pendant pas mal de temps cette tactique qui s'est largement appuyé sur un sentiment créé de culpabilité "historique" et l'instauration d'un climat de repentance s'appuyant même sur la loi. Il semble cependant que cette tactique connait désormais ses limites et se montre de plus en plus inopérante face aux faits. Car un sentiment, même s'il a la forme d'un oukase, ne pèse pas lourd dans le temps face à la réalité.
Et la réalité c'est que des personnes ou des groupes de personne, et ce sans considération de nationalité, rejettent le mode de vie des endroits où le destin les a fait échouer ou encore où ils en choisi de s'établir, ce qui est encore plus problématique, et tentent même d'imposer leur mode de vie propre, ceci parce qu'ils restent attachés à leur culture ou à l'interprétation qu'ils font de leur religion. Et il faut admettre que portés par ce sentiment de culpabilité que s'est forgé l'occident, ils ont pas mal réussi jusqu'à présent. Et on ne parlera même pas de la rubrique des faits divers largement alimentée par ces mêmes personnes en même temps que la population carcérale. Evidemment il ne faut pas en parler. Zemmour en a fait les frais chez nous, même si ce qu'il énonce est corroboré par des statistiques officielles ou un éminent magistrat comme M. Bilger. Mais comme le phénomène existe également ailleurs, en Suède par exemple ("Selon le tribunal de Helsingborg, la ville voisine, sept criminels sur dix sont des immigrés, assène Daniel Engström. Mais on n'a pas le droit de le dire, sous peine d'être taxé de raciste !"…), on ne peut pas définitivement le taire au niveau européen.
Mais délinquance et criminalité ne sont évidemment qu'une partie du phénomène, la plus spectaculaire. La plus grave restant à mes yeux ce refus d'épouser nos valeurs et notre culture et cette volonté d'en imposer d'autres. Et là aussi ça devient plus que visible.
Alors que faire ? Continuer à taire un phénomène qui touche une bonne partie de l'Europe, au moins cette partie de l'Europe assez accueillante pour accueillir des immigrés en masse et les prendre en charge socialement ? En laisser le monopole, au niveau de l'affirmation de sa réalité à la seule extrême-droite dans les pays concernés et voir celle-ci s'imposer de plus en plus dans les institutions démocratiques des pays européens, par sa présence physique ou par ses idées ?
Il semblerait que ceci a été l'option choisie jusqu'à peu de temps. Et que la seule réponse à un phénomène inquiétant s'est traduit par des réactions comme l'organisation, parfois interdite, d'apéros saucisson-pinard. Ceux qui s'en émeuvent, en criant au racisme et à l'islamophobie, n'imaginent pas ce qui risque de se passer dans un avenir assez proche si on continue cette politique de l'autruche, même si cette dernière est équipée de son tube de vaseline. Car en laissant le monopole de la dénonciation du phénomène à l'extrême-droite, et bien on aura des réactions dignes de l'extrême-droite.
L'extrême-droite prospère en effet sur le terreau de la crise économique qu'elle lie volontiers à l'immigration, source donc des problèmes économiques, mais également sociaux. A ce titre elle est sans doute la pire ennemie du capitalisme, bien plus qu'une extrême-gauche qui n'existe pas vraiment en Europe, la France étant à ce niveau une exception malheureuse. Car elle s'oppose à la liberté des flux humains (ou main d'œuvre) qui est une des caractéristiques modernes du capitalisme. C'est d'ailleurs pour cette raison que c'est d'une parfaite idiotie de comparer les fascismes des années 30 avec le phénomène actuel car autant les premiers étaient soutenus par le capitalisme, autant l'extrême-droite actuelle est éloignée de ce dernier. Ce qui explique que c'est à gauche, dans les milieux populaires, qu'elle est allée chercher le gros de ses troupes. L'attitude de certains édiles communistes en France actuellement et par le passé vis-à-vis des étrangers n'est d'ailleurs pas vraiment très éloignée de certaines idées développées par l'extrême-droite.
Si donc on veut éviter de voir cette dernière prospérer en Europe, si on veut éviter des troubles violents, si on veut éviter que la xénophobie, le racisme et le reste se développent, il importe que les partis démocratiques se saisissent de ces thématiques de l'extrême-droite et apportent des réponses fermes, nécessairement, mais en accord avec nos valeurs occidentales. Et donc arrêter pour des raisons électoralistes de refuser de s'emparer de ces thématiques ou de fustiger ceux qui souhaiteraient s'en emparer. Ce n'est pas en niant la réalité qu'on l'efface. Pourtant c'est l'attitude de trop nombreux partis politiques qui aspirent néanmoins à parvenir au pouvoir.